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CHAPITRE 1 La restructuration de l’industrie télévisuelle L’industrie de la radiotélévision canadienne, comme celle de la plupart des pays occidentaux, est en profonde mutation. Son statut, ses structures et son mode de financement se modifient progressivement, sous la poussée conjuguée de facteurs technologiques, économiques, politiques et sociaux. La scène montréalaise, en particulier, a été affectée par des bouleversements importants au cours des années 80 : création d’une nouvelle chaîne francophone privée, vente de Télé-Métropole au groupe Vidéotron, compressions budgétaires à Radio-Canada et à Radio-Québec, révision de la réglementation concernant la télévision et la câblodistribution par le CRTC, financement de la production indépendante par Téléfilm Canada. Tous ces changements ne constituent pas autant de phénomènes isolés. Ils témoignent, selon nous, d’une restructuration en profondeur de l’industrie de la télévision. C’est à la démonstration de cette thèse que ce livre est consacré. Une deuxième dynastie exerce désormais son hégémonie sur l’industrie et préside à sa destinée. 2 Chapitre 1 La création de Télévision Quatre-Saisons Au début de la décennie 80, nos hommes politiques se sont montrés fort préoccupés par un phénomène apparemment inquiétant : le transfert de l’écoute francophone vers les stations de langue anglaise, américaines et canadiennes. La tendance n’avait été observée que durant quelques années. La prudence interdisait donc de trancher trop rapidement entre une interprétation l’attribuant à une, situation conjoncturelle (conséquence, par exemple, de la grève à Télé-Métropole intervenue quelques années plus tôt) et une autre l’associant à des déficiences structurelles de la radiodiffusion francophone. On a préféré, pour des raisons encore obscures, y voir une lame de fond dont la force irait croissante. Le diagnostic a été rapidement posé par les plus hauts responsables des ministères des Communications, à Québec comme à Ottawa : d’une part, la télévision de langue française n’offrait pas suffisamment de diversité aux consommateurs francophones et les obligeait à se tourner vers les stations anglaises ; d’autre part, la concurrence sur le marché francophone n’était pas assez forte pour inciter les radiodiffuseurs à innover. La solution s’imposait de toute évidence : augmenter la diversité et accroître la concurrence. Mais on ne s’entendait pas tout à fait sur les moyens pour y parvenir. À l’époque, on prétendait que le gouvernement québécois envisageait de privatiser Radio-Québec, ce qui aurait réduit de quelques millions les dépenses de l’État. Argument de poids dans un contexte politique qui faisait de la réduction du déficit l’objectif prioritaire du gouvernement. Mais, aussitôt connue du public, cette hypothèse a provoqué de vives réactions, en particulier chez les syndicats et les groupes populaires, dont l’Institut canadien d’éducation des adultes (ICÉA) a été, une fois de plus, le porteparole le plus actif. À Ottawa, on privilégiait depuis longtemps une autre solution : la création d’une deuxième chaîne privée de langue française. On avait commandé une étude de marché à une firme de consultants montréalaise (CÉGIR) et, malgré les bases fragiles de la démonstration, on était décidé à aller de l’avant. La collaboration fédérale-provinciale étant devenue depuis peu le nouveau credo en matière de politique de communication1 , on mit sur pied un comité de hauts fonctionnaires des deux ministères (MCQ et MCC) chargé d’étudier la situation de la télévision de langue française et de faire les recommandations appropriées aux deux paliers 1. G. TREMBLAY, « La politique québécoise en matière de communications (1966-1986) », Communication et information, vol. 9, n° 3, 1988, p. 57-87. [18.224.44.108] Project MUSE (2024-04-19 08:13 GMT) La restructuration de l’industrie télévisuelle 3 de gouvernement. De fil en aiguille, le CRTC a été invité à lancer un appel de candidatures et à tenir des audiences pour choisir le détenteur de la licence de cette nouvelle chaîne de télévision privée de langue française. C’est ainsi que Télévision Quatre-Saisons a vu le jour à l...

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