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CONCLUSION La deuxième dynastie télévisuelle Les données dont nous avons fait état au cours de cet ouvrage et notre analyse montrent que l’industrie télévisuelle francophone de la région de Montréal connaît depuis quelques années une profonde restructuration. La période qui s’ouvre au cours des années 80 marque donc la fin d’une époque, la fin d’une domination, et l’ouverture d’une autre étape de l’histoire canadienne et québécoise de la télévision. C’est l’aboutissement simultané des trois processus interdépendants — que sont : la privatisation/marchandisation de l’espace, de la production et de la consommation télévisuelles ; l’hégémonie de la câblodistribution comme filière techno-économique de mise en circulation des produits télévisuels ; et, la destitution de Radio-Canada comme entreprise dominante et force structurante de l’industrie — qui propulse l’industrie télévisuelle dans une phase aussi cruciale de transition. Celle-ci se concrétise donc par la consolidation d’un nouveau mode d’organisation de l’industrie, par l’émergence d’une nouvelle structure industrielle et par la transformation de la logique de flot en une logique hybride fortement marquée par la forme marchande et orientée vers la pratique éditoriale. Cette nouvelle logique, nous l’avons nommée « la logique du club privé » ; pour conclure notre étude, il nous semble nécessaire de revenir sur cette question parce que c’est de l’affermissement de cette logique que dépend le pouvoir de la nouvelle dynastie télévisuelle. Mais au préalable , il nous faut faire un retour synthèse sur certains indicateurs afin de rappeler les bases objectives autant que subjectives (les stratégies) de l’émergence et de la consolidation de cette nouvelle logique organisatrice de l’industrie. Les entreprises de câblodistribution, la force dirigeante de l’industrie télévisuelle L’analyse des performances économiques des entreprises actives dans l’industrie télévisuelle francophone de la région de Montréal (chapitre 2), de la structure du marché (chapitre 3) et des stratégies (chapitre 4) indique que depuis quelques années ce sont les entreprises de câblodistribution qui ont les meilleurs résultats économiques et qui renforcent leur position. Du point de vue des performances économiques globales, nous avons remarqué que la croissance moyenne des revenus des entreprises de câblodistribution avait été, de 1982 à 1989, beaucoup plus forte que celle des entreprises de diffusion (109 % contre 59 %). Nous avons aussi constaté qu’en ce qui concerne la rentabilité, la position des entreprises de câblodistribution n’a cessé de s’améliorer au contraire de celle des entreprises de diffusion. Ainsi, les bénéfices nets des entreprises privées canadiennes de diffusion, du début des années 1980 jusqu’en 1986, n’ont que faiblement progressé pour ensuite décliner et revenir à leur niveau de 1983 (revoir le point 2 du chapitre 2). Par contre, entre 1982 et 1989, ceux des entreprises de câblodistribution ont augmenté de 346 %. Les performances différentielles mesurées par le rendement moyen de l’avoir confirment cette tendance. Celui des entreprises privées de diffusion a baissé entre 1981 et 1988 de 18,6 % à 8,9 % alors que celui des entreprises de câblodistribution atteignait en 1988 (49,8 %) un pourcentage deux fois plus élevé que le niveau considéré comme très bon (20 %). C’est toutefois la comparaison des performances économiques des entreprises, de leur position dans le marché et de leurs stratégies respectives qui nous a permis de saisir le plus clairement le sens de la transformation ayant eu lieu au cours des années 1980 et de constater que les câblodistributeurs occupaient désormais le pôle directeur du développement de l’industrie télévisuelle au Québec. Cette comparaison, nous a, entre autres, permis de voir que la croissance de Vidéotron avait été phénoménale au cours des années 150 Conclusion [18.227.48.131] Project MUSE (2024-04-19 11:47 GMT) 1980. Les revenus de cette entreprise ont en effet spectaculairement augmenté depuis 1983 (+618 %), tout comme le firent son actif (+634 %), ses bénéfices nets (+1 169 %) et son taux de profit sur l’avoir (de négatif en 1982 à +41,0 % en 1985). Au cours de cette période, Vidéotron...

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