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C H A P I T R E 2 LES PROPOS DES JEUNES ET DES ÉDUCATEURS SUR LA PATERNITÉ, LA SEXUALITÉ ET L’ÉDUCATION SEXUELLE Dans ce chapitre, nous allons faire état des aspects les plus fréquemment évoqués et avec le plus d’intensité dans les propos que tiennent les jeunes et les éducateurs relativement à la paternité, à la sexualité et à l’éducation sexuelle. Nous illustrerons les points saillants à l’aide de citations. Les procédés de sélection des sujets, les consignes d’entrevue et les procédés d’analyse, présent és antérieurement, nous ont servi de fil conducteur pour ce chapitre. 2.1. LES PROPOS DES JEUNES Ce chapitre présente les témoignages des adolescents que nous avons rencontr és. Le contexte de vie général de l’internat et son impact sur la sexualité des adolescents situent le discours des jeunes sur les sujets abordés: la paternit é, la sexualité, l’amour et leurs partenaires ainsi que l’ambivalence qu’ils éprouvent entre la recherche du plaisir instantané et la quête d’amour qui les habite. Suivent enfin leurs propos sur la contraception, les ITS, le condom et l’éducation sexuelle. 2.1.1. L’ISOLEMENT ET LA RÉCLUSION À L’ÉGARD DES QUESTIONS SEXUELLES ET AMOUREUSES L’analyse des propos des résidants contient plusieurs segments de discours qui sont liés à la morosité et à la solitude qu’entraîne la privation de liberté. Il faut se rappeler que la vie au Centre Cartier est régie par un ensemble 40 AMOUR ET SEXUALITÉ CHEZ L’ADOLESCENT de règles de fonctionnement qui visent à assurer la sécurité et la protection des résidants. Ces règles se traduisent par des contraintes diverses telles que le contrôle des sorties, les restrictions imposées aux visiteurs selon leur lien avec le résidant, la censure et la restriction temporelle de la durée des contacts téléphoniques, l’examen de la correspondance postale, la surveillance diurne et nocturne dans le centre, l’accompagnement dans les déplacements internes et externes (fort peu nombreux du reste puisqu’un grand éventail de services sont offerts au centre). Ces règles ont pour but de restreindre les écarts de conduite dans l’enceinte du centre et de les prévenir à l’extérieur tout en empêchant les fugues et, même si elles ne parviennent pas à éliminer totalement les risques, elles sont indispensables à la poursuite de la mission d’un établissement de ce genre. La moitié des résidants trouve que, de toutes les règles de fonctionnement du centre, la limitation des contacts avec l’extérieur est la plus contraignante. Pour cinq autres jeunes, ce sont les pratiques de gestion interne telles que l’imposition du respect strict de l’horaire et les restrictions de mouvement à l’intérieur du centre, le décompte des présences, l’évaluation quotidienne de leurs conduites et la tenue d’un dossier servant à l’attribution des congés provisoires; deux d’entre eux ajoutent qu’ils ont l’impression d’être traqués. Quelques résidants utilisent les mots «prison» et «évasion» et ajoutent que le jugement des éducateurs est souvent arbitraire . Ainsi, Jean-Luc est d’avis que, peu importe la conduite adoptée ou les efforts faits par les résidants, des soupçons de la part des éducateurs suffisent pour qu’aucun congé ne leur soit octroyé. Le sentiment d’isolement que ressentent certains jeunes est aggravé, pour six d’entre eux, par les tensions qui existent entre les résidants du centre. Stéphane, Émilio et Marco font état de mésententes, de moqueries, de dénigrement et de disputes entre les résidants. Claudio, Simon et Stéphane précisent que l’image que certains jeunes tentent maladroitement de se forger provoque, chez certains autres, les railleries et les mises au ban; ainsi, la stratégie élaborée par certains pour se protéger contre le dénigrement produit l’effet inverse. Ces interactions négatives entre les résidants ne sont pas seules à créer le climat morose qui règne au centre, les interactions distantes et tendues avec certains éducateurs que décrivent quatre jeunes y contribuent tout autant. Paul-Émile est d’avis que ces interactions négatives sont la conséquence de la méconnaissance qu’ont les éducateurs des résidants. Il précise qu’à son avis on ne peut...

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