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C O N C L U S I O N Parvenue à la fin de notre parcours, nous espérons avoir réussi à clarifier tout le processus d’élaboration d’un programme dans une perspective qualitative , ancrée et concertée. Ce processus a été illustré grâce à son application étape par étape pour l’élaboration du programme, qui est appliqué depuis plus deux ans dans un centre jeunesse de la région métropolitaine. Même si nos évaluations sont en cours, le programme semble remplir sa mission et les personnes qui l’animent se sentent bien outillées et soutenues dans leur travail. Ce programme est entièrement ancré dans les besoins et valeurs du milieu. De plus, il comporte des éléments cruciaux pour le développement d’approches préventives. Toutefois, nous sommes consciente que sans le soutien extraordinaire de la Direction du Centre jeunesse de Laval et l’implication indéfectible de tous les intervenants qui ont accepté de partager leurs expériences et de sauter dans le vide pour nous aider à concevoir ce programme, cet ouvrage n’aurait pu voir le jour. Peu de milieux et encore moins de chercheurs ont l’immense chance de réaliser un projet de cette envergure. Nous croyons que le processus et la démarche que nous proposons peuvent être adaptés aux diverses situations où des programmes d’éducation sexuelle doivent être développés. Si certaines étapes pourraient être allég ées, nous ne croyons pas qu’il faille faire l’économie de la confrontation des idées, des interprétations et des valeurs des différentes personnes impliquées. 164 AMOUR ET SEXUALITÉ CHEZ L’ADOLESCENT La démarche que nous avons proposée nous conduit inévitablement à nous interroger, d’une part, sur l’impact qu’elle a eu par rapport à son but initial de prévention des paternités précoces et des ITS chez les adolescents et, d’autre part, sur les possibilités d’adapter la théorie à d’autres populations. Il importe de rappeler que nous souscrivons pour l’essentiel à des paradigmes qui ne prétendent pas à l’objectivité. Dans ces paradigmes, les concepts traditionnels de validité, de fidélité et de généralisation des résultats n’ont pas la même signification que dans les approches hypothético-déductives ou quantitatives. Toutefois, dans la dernière décennie, plusieurs ouvrages ont été publiés sur la question de la scientificité des méthodes qualitatives (Denzin et Lincoln, 2000; Guba et Lincoln, 1984; Lincoln et Guba, 2000; Poupart et al., 1997). Nous tirons divers enseignements de ces réflexions. D’abord, de nouveaux concepts devraient être utilisés pour discuter des résultats d’une démarche qualitative. Ainsi, il serait plus opportun de parler de «valeur de vérité», «d’applicabilité», de «cohérence» et de «neutralité» dans les analyses (Denzin et Lincoln, 2000; Laperrière, 1997). La majorité des travaux qualitatifs reconnaissent d’emblée le rôle central des valeurs des participants et des chercheurs dans leurs analyses, ce qui confère à ces travaux une part de subjectivité admise d’entrée de jeu. Au sein d’un courant constructiviste radical, des auteurs présentent même leurs analyses en parlant au «je» et en utilisant un vocabulaire volontairement subjectif qui rejette toute possibilité de généralisation associée aux paradigmes positiviste et postpositiviste. Comme le précise Laperrière(1997), les tenants des approches qualitatives sont, la plupart du temps d’avis que la complexité du monde in vivo est telle qu’elle rend impossible la construction inductive de théories concluantes et définitives rendant toute forme de généralisation abusive. Il reste que, malgré cette subjectivité reconnue, la démarche qualitative s’est le plus souvent imposée comme une démarche réflexive, même si toute l’expérience de vie du chercheur entre en jeu, puisqu’il est directement impliqué sur le terrain. Dans la plupart des écrits que nous avons consultés, la recherche de vérité préoccupe les chercheurs en qualitatif. La distanciation est un principe fondamental, malgré l’immersion du chercheur dans son objet d’étude. Le chercheur d’obédience qualitative doit toujours être à l’affût pour découvrir ses propres biais et les mettre en perspective. Cette démarche doit s’accomplir, comme le précisent Guba et Lincoln (1994), par du débriefing entre pairs, mais aussi par la...

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