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CHAPITRE 8© 2007 – Presses de l’Université du Québec Bâtir une communauté apprenante À l’ère de l’économie du savoir, alimentée notamment par les nouvelles technologies informationnelles, l’innovation sous ses diverses formes et formules est recherchée partout sur la planète, qui devient progressivement un seul grand marché. Tous les pays, toutes les régions, toutes les localités désirent améliorer leur capacité d’innovation afin de s’insérer convenablement dans la dynamique économique, sociale et culturelle. Mais comme la plupart des facteurs socioéconomiques, l’innovation ne s’inscrit pas de manière uniforme sur le vaste espace. Des inégalités s’observent entre les lieux et entre les milieux en matière d’émergence de nouveaux produits, de nouvelles méthodes de production, de nouveaux services, de nouveaux projets de développement. À l’échelle mondiale, nous avons vu que les entreprises innovatrices se regroupent dans des territoires spécifiques, en zones métropolitaines, bien sûr, mais aussi en zones non métropolitaines. Certaines régions apparaissent plus innovantes et plus prospères que d’autres. De fait, des zones de production profitent des effets de proximité et sont particulièrement fertiles en nouvelles activités, nouveaux comportements, nouvelles méthodes de production, nouveaux projets structurants, tandis que d’autres, limitrophes , n’y arrivent pas et demeurent peu innovatrices. Certains groupes d’acteurs de l’innovation s’érigent en véritable « système structurant», alors que d’autres groupes d’acteurs demeurent éclatés, fragmentés, repliés sur eux-mêmes par la concurrence et les modalités de gouvernance. 212 Le Saguenay–Lac-Saint-Jean face à son avenir© 2007 – Presses de l’Université du Québec En somme, l’économie mondiale contemporaine se caractérise par des disparités spatiales dans la capacité d’innovation des collectivités territoriales. Le fameux « effet territorial» semble jouer plus favorablement ici que là. Ainsi, dans la littérature scienti- fique, on relève que l’apprentissage collectif est le ciment de ces territoires prospères qui deviennent des « communautés apprenantes » ou de « learning regions ». Au Saguenay–Lac-Saint-Jean, nul doute que l’avenir de cette collectivité doit être envisagé sous cet angle d’une « communauté apprenante » à construire. Nous verrons dans ce chapitre que des acquis considérables sont déjà bel et bien présents à cet égard, sans toutefois que l’innovation soit suffisamment présente. Une proposition formelle de démarche cognitive sera offerte afin que la collectivité œuvre encore plus systématiquement vers la finalité de l’innovation sous ses diverses formes économiques, sociales, culturelles, politiques et administratives. De fait, un projet ambitieux de «communaut é apprenante » sera proposée concrètement dans ce chapitre, agissant comme deuxième grande composante d’un projet de collectivité à l’horizon 2025 pour la région administrative du Saguenay–Lac-Saint-Jean. 8.1. LE TERRITOIRE APPRENANT PAR SES CHAMPS D’INTERACTION Dans la littérature scientifique, déjà une riche terminologie est utilisée pour saisir cette dimension territoriale de l’innovation. Certaines écoles, comme celle du GREMI (Groupe de recherche européen sur les milieux innovateurs), ont consacré l’expression « milieu innovateur » qui évoque bien la trilogie territoriale : « interaction – apprentissage – innovation » (point 6.8). Puisque l’analyse de ce phénomène nous amène à expliquer les effets de cohésion, de fertilisation, de travail collectif, les efforts de modélisation recourent souvent au libellé fort évocateur « systèmes territoriaux d’innovation et de production ». Au-delà du vocabulaire et des formules, il demeure que les territoires se voient offrir par la recherche scientifique très actuelle un rôle important dans les processus contemporains d’innovation fertilisée par un ensemble d’acteurs spécifiques en processus d’interaction et d’apprentissage. Or, il n’est pas possible de jouer ce rôle partout ni avec la même intensité ; donc, il n’est pas si simple d’être un « territoire apprenant ». Ainsi, plusieurs territoires demeurent en reste, même si les efforts publics sont relativement présents. À cet effet, ce n’est pas seulement une question de conditions matérielles, comme la présence d’un port, d’une zone ciblée ou d’un parc industriel. Il ne semble pas non plus que la présence de conditions immatérielles comme un centre de recherche, un collège ou un institut de formation professionnelle soit suffisante...

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