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© 2002 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Tiré de : Comprendre la famille – Actes du 6e symposium québécois de recherche sur la famille, Carl Lacharité et Gilles Pronovost (dir.), ISBN 2-7605-1185-5 La famille aux prises avec le secret d’un suicide Francine GRATTON Université de Montréal Jacques LAZURE Université du Québec à Montréal Il n’est pas rare qu’une famille vive le drame du suicide d’un de ses membres immédiats ou d’un proche de la parenté. Il est alors tentant de cacher cet acte, d’en garder le secret. Qu’en est-il alors de la famille aux prises avec le secret d’un suicide ? Elle passe des moments d’incertitude, d’ambivalence, voire d’anxiété. Lui faut-il se résoudre au secret, le conserver longtemps, même toujours, ou le révéler enfin ? Si elle décide de le maintenir, que peut-il s’en suivre pour la famille ? Voilà donc ce que veut expliquer cet article : d’abord, la dynamique présente dans la construction du secret familial d’un suicide et les facteurs qui y poussent ou qui l’en détournent et puis, les fonctions que peut exercer un tel secret pour la famille et les effets qu’il peut y produire. Mais avant de procéder directement à l’analyse de ces deux points, il importe de rappeler brièvement la vraie nature du secret. NATURE DU SECRET Étymologie À elle seule, l’étymologie du secret en dévoile déjà la complexité et les paradoxes. Bon nombre d’auteurs s’y sont intéressés (Zempleni, 1976 ; Lévy, 1976 ; Bertona, 1985 ; Couetoux, 1991 ; Puget et Wende, 1992 ; Delassus, 1993). Le terme apparaît pour la première fois au XVIe siècle. Il s’appelle alors segret segret segret segret segret qui renvoie à l’expression chambra segreta signifiant 298 298 298 298 298 Francine GRATTON et Jacques LAZURE© 2002 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Tiré de : Comprendre la famille – Actes du 6e symposium québécois de recherche sur la famille, Carl Lacharité et Gilles Pronovost (dir.), ISBN 2-7605-1185-5 lieux d’aisance ou toilettes, rappelant par le fait même la fonction anale, excrémentielle. Le mot « secret » référera aussi à secretus secretus secretus secretus secretus voulant dire« séparé, à part », et à secernere, secernere, secernere, secernere, secernere, c’est-à-dire conserver des substances nobles et utiles. Ce verbe provient de cernere, signifiant cribler le grain, en séparer le bon du résidu à l’aide d’un tamis. L’étymologie du mot secret dénote donc son caractère paradoxal : d’un côté, quelque chose de négatif à évacuer, à rejeter ; de l’autre, quelque chose de positif à isoler, à conserver. La psychanalyse, dont la place accordée au secret est si privilégiée que le dévoiler devient un objectif majeur du traitement (Margolis, 1974, 1976 ; Schoicket, 1980 ; Puget et Wende, 1992), souligne l’aspect négatif du secret. Elle établit volontiers son lien avec la fonction anale et tend ainsi à le considérer comme nuisible, toxique, excrémentiel. La dimension évoquée du secret, elle, transpire davantage dans le discours sociologique. Ainsi, Simmel (1996) compare le secret à « un ornement que l’on possède et qui valorise la personne » (p. 50). Il insiste sur la place primordiale qu’occupe le secret dans les rapports humains. Pour lui, ils se caractérisent par la quantité de secrets qu’ils renferment et qui les entourent et ces secrets exercent une grande influence sur la qualité et l’intensité des relations. Le sociologue Petitat (1996), à son tour, met en évidence les facettes positives du secret, par exemple ses fonctions ludiques et altruistes. Il note que le secret fait partie intégrante de tout être humain et que la vision purement négative qu’on peut en avoir n’est que superficielle. Définition du secret En général, les auteurs s’entendent pour affirmer que le secret implique un non-dit (Lévy, 1976 ; Tisseron, 1990 ; Couetoux, 1991 ; Puget et Wende, 1992 ; Delassus, 1993 ; Petitat, 1996). Ausloss (1980) le définit comme une« non-transmission par le...

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