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La notion d’appropriation du développement a été actualisée par les experts des institutions internationales de développement dans le cadre des nombreuses études d’évaluation des projets dits de développement dans les pays non développés. Mais parler de l’appropriation du développement, c’est dire plus que la seule nécessité de mettre en place un nouveau modèle d’intervention pour s’assurer que les projets de développement sont plus efficaces et exercent un impact durable sur les conditions socioéconomiques des populations visées. Cette notion révèle implicitement tout un cheminement théorique sur les impasses successives dans lesquelles se sont retrouvées une série d’approches du développement depuis que le« développement » est à l’ordre du jour. Le concept d’appropriation s’inscrit dans ces nouvelles approches qui misent sur l’autodétermination des communautés territoriales. Il trouve sa double origine tant en Afrique, avec l’animation rurale, qu’en Amérique avec le community development. Et surtout, il est devenu une sorte de pratique, ou une instrumentation de la mesure du développement réussi, réussite évaluée du point de vue des développeurs, soit des nombreuses agences qui veulent induire le développement local par le transfert de l’expertise technique. Au terme des projets, il s’agit de voir ce qui est repris par les individus, les collectivités, ce qui est acquis ou approprié de manière durable, que ce soit une technique agricole ou une institution économique. Parler de l’autopromotion paysanne en CHAPITRE 9 Le développement approprié Vers une nouvelle approche du développement durable des régions rurales Afrique, de développement endogène, décentralisé ou local au Québec, c’est désigner une même réalité. Il s’agit de construire des projets de développement qui répondent aux besoins des communautés locales, à leurs attentes et qui s’inscrivent harmonieusement dans leur réalité sociohistorique profonde. Quand on parle de développement approprié, cela ne veut pas dire autre chose que ce que plusieurs théoriciens appellent maintenant développement autonome et développement durable. Mais appropriation du développement et développement approprié ne sont pas synonymes ; il y a plutôt un large fossé épistémologique entre les deux. Dans le premier cas, le développement est un ensemble connu (ressources, savoir-faire, techniques, institutions, etc.) qui est transféré par l’assistance technique aux populations ainsi assistées. Lors de l’évaluation des résultats, il s’agit de mesurer le degré d’appropriation des actions de développement. Dans le second cas, le développement approprié n’est pas du tout en relation analogique avec les fameuses technologies appropriées, sauf sur le plan sémantique ou grammatical. Car la formule sous-tend dans les deux cas une interrogation implicite. Approprié soit, mais approprié à qui... ou pour qui ? Cette notion insinue donc que le développement existe d’abord pour le vrai monde, comme on dirait en langage québécois, pour des personnes, des communautés humaines. Il est aussi sous-entendu dans ce concept que si le développement est fait pour « le monde », « le monde » qui est responsable de la conception des actions de développement et « le monde » à qui ces actions sont destinées (la population cible selon un certain jargon), ce sont les mêmes personnes. Donc pas de développement approprié sans un long travail avec les populations pour arriver à une vision commune et durablement partagée du diagnostic de la situation et des moyens à prendre pour aménager cet avenir souhaité mutuellement. Ainsi définie, la notion de développement approprié apparaît tout aussi valable que les diverses notions du champ sémantique du développement local et, plus récemment, du développement durable. Nous tenterons de saisir les contours de cette nouvelle approche d’un développement approprié par deux démarches successives. Nous verrons d’abord comment s’est progressivement défini le concept de développement durable, qui nous offre une assise théorique adéquate, puis nous verrons comment les expériences de développement local dans les régions rurales au Québec nous permettent aussi de dégager les éléments d’une pratique d’un développement approprié. Dans notre esprit, cette nouvelle approche du développement, qui s’expérimente dans les tâtonnements de la...

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