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Les conseils régionaux : des vecteurs d’insertion et de légitimation des NTIC ? Philippe BOUQUILLION Maître de conférences Institut de la Communication Université Lumière-Lyon II Plusieurs pays occidentaux font part actuellement de leur volonté de lancer de vastes programmes de dépenses publiques afin de permettre le développement des« autoroutes électroniques ». Dans une période où le libéralisme économique est le mode de pensée dominant, il est intéressant de constater combien le soutien public aux industries naissantes ou en mutation est toujours d’actualité. Ce constat nous conduit à nous interroger sur les politiques des régions françaises en matière de nouvelles technologies d’information et de communication et, plus particulièrement, sur les impacts économiques potentiels des actions régionales sur le développement des NTIC. Bien entendu, les stratégies des régions ne peuvent pas être comparées aux projets et aux politiques des États centraux ; pourtant, à leur échelle, ces collectivités locales cherchent à peser sur l’économie et le développement des NTIC. Cette interrogation fait suite à une recherche sur la contribution des actions en matière de NTIC à l’affirmation de la personnalité politique des conseils régionauxl . Nous avons alors constaté que malgré de grandes 1. Cette étude a été réalisée par le GRESEC, pour le compte du groupe de prospective n° 4 de la DATAR dirigée par M. Pierre Musso. Elle s’inscrit dans une recherche plus large sur les NTIC dans les politiques d’aménagement du territoire des quatre « moteurs industriels » de l’Europe, commandée au GRESEC par la DATAR et dirigée par Isabelle Pailliart et Giuseppe Richeri. 28 Philippe Bouquillion disparités, les actions régionales, en moyenne, étaient plutôt faibles. Les montants investis sont relativement peu importants et surtout ces actions ne constituent pas réellement une politique. D’une part, les conseils régionaux ne sont pas vraiment les maîtres de leurs décisions ; ils délèguent leurs compétences à des structures extérieures. D’autre part, ils n’ont pas une vue d’ensemble des NTIC. En effet, comme le constate Françoise Papa2 , la plupart des régions conçoivent les NTIC comme des outils de politique sectorielle. Ce sont des « instruments » qui participent des grands axes d’action politique menés par les conseils régionaux, à savoir, essentiellement, la recherche, l’enseignement et la formation professionnelle. Ce constat d’un certain « retrait » des régions n’indique pas que l’influence économique potentielle de l’action régionale est inexistante, ni même que ces interventions ne s’inscrivent pas dans des stratégies politiques importantes pour les conseils régionaux, les élus et pour les fonctionnaires. Afin de tenter d’apprécier cette influence économique, il conviendrait, dans un premier temps, de mettre au jour les dispositifs des actions régionales qui, potentiellement, peuvent contribuer au développement des NTIC, et d’évaluer leur « rationalité » eu égard à la quête d’affirmation des régions et des différents types d’acteurs qui la composent puis, dans un second temps, il faudrait analyser comment les opérateurs et les utilisateurs articulent leur stratégie par rapport aux actions régionales. Le présent article ne rend compte que de la première phase de ce travail. D’ores et déjà, nous rencontrons des difficultés méthodologiques. En effet, il est difficile de cerner la réalité des actions régionales dans le domaine des NTIC. Tout d’abord, nous avons utilisé divers documents écrits qui, fréquemment, sont des déclarations d’intentions cherchant à légitimer les actions régionales. De plus, ils ne sont pas exhaustifs et les actions prévues dans ces documents ne sont pas systématiquement mises en oeuvre. Nous n’avons, à partir de ces divers documents, qu’une vision incomplète de la réalité des politiques régionales ce qui ne permet guère de différencier les discours et les intentions des réalités. Également, des entretiens ont été réalisés. Cependant, le caractère instrumental et sectoriel de l’utilisation des NTIC ne permet pas aux responsables et aux institutions d’avoir une vision unitaire des NTIC ni même, parfois, de conserver une mémoire des actions menées. Par ailleurs, le caractère 2. Françoise Papa, « Les schémas régionaux de la communication », mémoire dans le cadre du DEA...

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