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L’autoroute électronique dans la perspective internationale de l’enseignement à distance Pierre PATRY Directeur Bureau de coopération nationale et internationale Télé-université de l’Université du Québec Les systèmes traditionnels d’éducation, dans le monde entier, sont mis en échec par l’explosion démographique, la rareté des ressources et l’expansion du savoir. Il est impossible maintenant pour des institutions traditionnelles de former le nombre de personnes qu’il faut pour rejoindre le nombre de personnes qui naissent et qui ont le droit d’accéder à l’éducation. Et je ne parle pas seulement du tiers monde, lequel en passant représente les deux tiers de l’humanité, mais je parle aussi du monde du Nord, de notre monde, puisque nous assistons là également à un phénomène d’explosion de la population étudiante en formation continue, en éducation des adultes ou en formation professionnelle. Nos édifices traditionnels regorgent d’étudiants et nous avons de la difficulté à élaborer des horaires qui en permettent l’accès à chacun. J’entendais en début de semaine à la télévision, qu’en France on avait refusé l’ouverture d’une faculté parce qu’il y avait trop d’étudiants. Or, pour nous, l’éducation à distance est sans contredit une perspective dans la recherche d’une solution internationale à ce problème. Les télécommunications internationales en sont l’épine dorsale. L’autoroute électronique qu’on nous annonce mais qui est déjà là, à part quelques échangeurs et certaines entrées et sorties, en constitue l’infrastructure de base. 320 Pierre Patry L’exposé très schématique qui suit tente de fixer la toile de fond de l’environnement humain nécessaire au succès de la recherche d’une solution au problème. D’abord au fond, quatre observations, quatre références, quatre mots, quatre lieux communs : – La mondialisation : pensons à globalisation et interdépendance du commerce et de l’information. – La massification : pensons seulement à l’alphabétisation et à la formation professionnelle. Il y a là une masse de personnes qui dépasse tout entendement. – La multilatérisation : ici je fais référence à de nouveaux concepts qui commencent à émerger dans diverses conférences et colloques. Il s’agit de remplacer le concept d’université par un nouveau concept de multiversité. – L’interdisciplinarité : ici je fais référence à un autre nouveau concept, l’hétéroversité. Cela m’amène à l’énoncé de neuf principes dont le premier est d’aborder la problématique avec une vision globale du développement international et de l’enseignement à distance. On ne peut plus se permettre d’agir seulement au niveau local sans tenir compte, non seulement des impacts que nous aurons sur le reste de l’humanité ou de la planète, mais surtout des impacts qu’a déjà sur nous le reste de la planète. Et à chaque fois que nous posons un geste dans un pays ou chez nous, il faut tenir compte de l’ensemble de la planète. Ce premier principe en sous-tend huit autres : 1. La coopération internationale repose d’abord et avant tout sur la coopération nationale, interinstitutionnelle et intersectorielle. On parle souvent de développement ou de coopération internationale alors qu’on n’arrive même pas à coopérer à l’intérieur de sa propre institution. 2. Nous devons clairement identifier les besoins des bénéficiaires et y répondre. Inutile de croire qu’on va faire autre chose que du néocolonialisme en vendant tout simplement nos produits sans tenir compte des besoins des gens à qui on s’adresse. 3. Nous devons aborder la problématique avec réalisme. Nous avons entendu parler de coûts-bénéfices, de nombres, de mesures, dans les résumés des rapporteurs un peu plus tôt. On a compris qu’il fallait avoir les deux pieds sur terre. [18.117.137.64] Project MUSE (2024-04-25 00:11 GMT) L’autoroute électronique et l’enseignement à distance 321 4. Nous devons traiter avec les autres sur une base égalitaire. Qu’il s’agisse d’institutions ou d’individus, il n’y a pas de différence. 5. Nous devons reconnaître que l’autonomie de chacun doit être sacrée. Vous connaissez les batailles de chapelles. Vous savez que la liberté académique est sacrée ; vous savez que l’autonomie administrative et institutionnelle est sacrée ; chacun défend son autonomie âprement. Il...

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