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L’introduction de la télévision numérique en Europe Le cas des réseaux câblés belges Marc MINON François PICHAULT Chercheurs LENTIC - Université de Liège INTRODUCTION De façon générale, on estime que la télévision numérique concernera prioritairement les ménages câblés et les foyers équipés d’une antenne parabolique (individuelle ou collective), avant de toucher les familles recevant la télévision par voie hertzienne. Le lancement des premiers bouquets numériques satellitaires est en effet attendu, en Europe, pour 1995, et l’adaptation des réseaux câblés, quoique progressive et différemment rythmée selon les pays, pourrait intervenir à partir de 1995/1996 ; et cela alors que les perspectives pour le numérique hertzien restent encore, en l’état actuel, extrêmement floues. C’est donc auprès de ce segment des ménages européens — les ménages câblés et les ménages « satellitaires » — que devrait se développer en premier lieu le parc des décodeurs numériques et se manifester, le cas échéant, les premières modifications éventuelles des comportements des téléspectateurs. L’étude du cas de la Belgique — pays européen connaissant le taux d’abonnement aux réseaux câblés le plus élevé —, particulièrement de sa partie francophone, permet, dans ce contexte, de s’interroger sur les possibilités de développement de la télévision numérique en Europe ainsi que sur les questions que son introduction soulève. 74 Marc Minon et François Pichault 1. LA SITUATION DES RÉSEAUX CÂBLÉS BELGES 1.1. Principales caractéristiques de la situation actuelle L’historique et la situation du secteur de la télédistribution en Belgique ont fait l’objet de maintes monographies spécifiques1 . Ce qui nous autorise sans doute à ne citer ici, pour mémoire, que les caractéristiques les plus marquantes du contexte belge. Un taux de pénétration particulièrement élevé Curieusement, on ne connaît pas avec certitude le taux de pénétration exact du câble dans les foyers équipés d’un téléviseur. Si l’on rapporte en effet le nombre d’abonnés aux réseaux câblés au nombre de ménages déclarant posséder un récepteur de télévision, on obtient — de façon quelque peu paradoxale — un taux supérieur à 100 %. Ce qui s’explique notamment par l’ampleur des fraudes lors de la perception de la redevance. Le CIM, institut chargé de la gestion du panel audimétrique, évalue à 90 % le nombre de ménages câblés. On estime généralement qu’il s’agit là d’une estimation minorante. Quoi qu’il en soit, il faut signaler que la couverture du territoire est aujourd’hui pratiquement achevée, seules trois communes n’étant pas câblées. Un phénomène ancien Si le développement des réseaux câblés en Europe est très largement — au moins en ce qui concerne les grands pays — un phénomène récent, il en va très différemment en Belgique où les débuts du câble remontent aux années 60, et où, dès 1975, le nombre de ménages raccordés dépassait le million (1 064 000 abonnés pour 3 600 000 ménages ; source : RTT). 1. Par exemple : Chantal Deltenre et Jean-Louis Erneux, « Des protagonistes de la TV par câble aux grands groupes », Téléphone et télévision : enquête sur une convergence européenne, Paris, CNET, 1993. Jean-Luc Iwens, La Belgique, plus câblée que branchée, non publié, 1993, 47 p. Ministère de la Communauté française de Belgique, Annuaire de l’Audiovisuel, Bruxelles, Edimédia, 1993. François Pichault, « La télématique dans le cadre réglementaire et institutionnel de la Belgique », Courrier hebdomadaire du C.R.I.S.P., n° 1101-1102, 6 décembre 1985. [18.118.200.86] Project MUSE (2024-04-25 07:17 GMT) L’introduction de la télévision numérique en Europe 75 Cela a une conséquence non négligeable : les réseaux câblés belges, caractérisés par une architecture arborescente et l’emploi majoritaire du coaxial, ont une technologie qui date. Malgré un effort permanent de modernisation (remplacement progressif des...

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