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L’insertion professionnelle des jeunes en difficulté par le partenariat Pierrette DUPONT et Bruno BOURASSA Université de Sherbrooke Depuis 1989, le ministère de l’Éducation du Québec a mis en place un nouveau programme d’alternance école-travail pour les jeunes de seize à dixhuit ans en difficulté d’adaptation et d’apprentissage. Prépare-t-il bien ces jeunes à leur insertion professionnelle ? Nous présentons une nouvelle définition de l’employabilité en fonction des professions non spécialisées et quelques résultats d’une étude réalisée auprès de jeunes issus de ce programme afin de connaître leur cheminement et leurs difficultés d’intégration au marché du travail. Nous faisons en outre quelques suggestions pour tenter d’améliorer les pratiques éducatives actuelles des partenaires de l’école et des milieux de travail. Depuis 1989, dans les écoles secondaires du Québec, les jeunes de seize à dix-huit ans en difficulté d’adaptation et d’apprentissage qui ont plus de deux ans de retard en français et en mathématiques ont accès au programme de cheminements particuliers de formation en vue de l’insertion sociale et professionnelle. Ce nouveau programme a remplacé celui qu’on appelait «le professionnel court », jugé inadéquat pour préparer ces jeunes au marché du travail. On se rappellera qu’une étude de Bergeron (1989) avait révélé un taux de chômage qui s’élevait à 36 % chez les clientèles issues de ce programme. Mais le nouveau programme caractérisé par l’alternance école-travail garantitil automatiquement le succès de l’intégration au travail des jeunes qui en bénéficient ? Selon l’avis du Conseil supérieur de l’éducation, l’alternance exige certaines conditions : 2.3 102 Pierrette DUPONT et Bruno BOURASSA Sans la mise en place d’un dispositif outillé, précisant les rôles et les responsabilités des institutions — école et entreprises — et des intervenants — enseignants, employeurs, élèves — faute d’avoir élaboré, ensemble, des objectifs évaluables et choisi une démarche et des stratégies pédagogiques convenues, l’alternance risque fort de demeurer une activité tristement «occupationnelle ». (Conseil supérieur de l’éducation, 1990, p. 51) Les enseignants, les autres éducateurs de l’école et les intervenants des milieux de travail doivent dès lors construire ensemble des situations éducatives efficaces favorisant une meilleure éducation au travail de ces jeunes, non seulement par les stages, mais aussi par l’ensemble des activités du programme de formation. Il nous est donc permis de nous interroger sur les pratiques éducatives actuelles et la responsabilité des partenaires de l’éducation et du travail dans ce programme d’insertion professionnelle pour les seize à dix-huit ans en difficulté d’adaptation et d’apprentissage. Se préoccupe-t-on suffisamment de développer tous les aspects de l’employabilité générale et spécifique requise par ces jeunes qui se dirigent vers des professions non spécialisées ? C’est pour répondre à cette question que nous avons réalisé une étude visant à mieux connaître le cheminement et les difficultés d’intégration au travail des jeunes issus de ce programme. Définition de l’employabilité Dans son document intitulé L’insertion sociale et professionnelle des jeunes de 16-18 ans : Une formation par l’alternance école–travail, le ministère de l’Éducation (1989) souligne que cette pratique éducative a entre autres objectifs d’augmenter l’employabilité de ces élèves de façon qu’ils puissent être bien outillés pour répondre aux exigences du monde du travail. Dans une étude internationale sur l’intégration au travail des jeunes réalisée pour l’UNESCO, Bingham (1987) met aussi l’accent sur l’importance de développer l’employabilité pour assurer la réussite du processus de transition ou d’insertion professionnelle. Selon lui, l’employabilité doit être considérée comme un lien conceptuel entre la préparation à la vie active et l’emploi luim ême ; elle facilite la compréhension du processus de transition de l’école au travail et fournit une base objective pour attribuer des responsabilités d’éducation tant aux institutions scolaires qu’aux milieux de travail. Plusieurs auteurs ont tenté de définir ce concept d’employabilité. Pour Selz (1980), il s’agit de la capacité d’obtenir, de garder et de changer d’emploi, tandis que pour Dunn (1974), l’employabilité est la...

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