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Préface Jean donnay Professeur retraité, Département Éducation et technologie Facultés universitaires Notre-Dame de la Paix Namur – Belgique Le présent ouvrage touche à des défis de taille à propos de la formation et de l’insertion professionnelle des nouveaux enseignants. La plupart de ces défis se posent aussi dans d’autres pays et l’apport des chercheurs québ écois peut aider à les clarifier pour mieux les relever. Au fil de la lecture des différents chapitres, le lecteur sera interpellé par des thèmes comme la distribution des responsabilités de la formation de la relève enseignante entre l’université et les acteurs de terrain, la professionnalisation des enseignants associés… et des superviseurs, les changements identitaires entraînés par les «nouveaux» métiers d’accompagnement, les tensions entre la conformisation et l’autonomisation du jeune enseignant, les relations entre théories et pratiques, et le paradoxe entre l’évaluation contrôle et l’évaluation formatrice. L’utilisation des nouvelles technologies de l’information vient ajouter à la complexité même si l’espoir est de faciliter les relations entre tous les membres des réseaux d’acteurs de la formation. Sans compter que la réforme en cours au Québec, et dans d’autres pays d’ailleurs, demande aux formateurs de s’inscrire dans un courant centré sur un développement professionnel durable basé sur des compétences et, en particulier, la réflexivité. L’expérience sur le tas ne suffit plus, elle prend du sens et sera professionnalisante si elle est explicitement mise en mental, en réflexion. À ce sujet, qu’il me soit permis de proposer quelques distinctions. Xii –– L’accompagnement concerté des stagiaires en enseignement Pour qu’il y ait réflexivité, il ne s’agit pas seulement de réfléchir avec ses mots à soi (langage idiosyncrasique), même si cette réflexion est première, mais en employant un langage qui permet une plus grande externalité, une double distanciation, à savoir une mise à distance de la situation (ce qui se passe ou s’est passé), d’une part, et une prise de recul par rapport à soi («qu’ai-je fait, à quoi ai-je pensé dans la situation et après?»), d’autre part. Cette externalité peut être favorisée à un deuxième niveau, micro, par le langage de l’Autre, dans le dialogue entre le stagiaire, l’enseignant associé, le superviseur, en s’obligeant à essayer de le comprendre: Que veut-il me dire? Quelle est sa lecture de la situation? Quels sont ses référents? Un troisième niveau, plus méso, serait celui que permettrait d’atteindre le langage d’un groupe, d’une école, d’une collectivité, d’une institution , d’une culture. Il est en effet très fréquent de constater que les échanges entre collègues – québécois, français, belges francophones – entraînent une prise de conscience du langage particulière à une culture nationale et, réciproquement , une plus grande intelligibilité de sa propre culture. Accepter le langage de cet Autre demande un effort, une attitude d’ouverture propice à une distanciation par rapport à ses propres référents et une reconnaissance , dans le non-jugement, de ceux de l’Autre. Bien souvent, d’ailleurs, les praticiens sont friands de ce type de dialogue; à condition que chacun accepte d’expliciter ses référents et de quitter un discours franco-français, belgo-belge ou québéco-québécois. Un quatrième niveau, macro, de distanciation, serait lié à l’appropriation d’un langage plus standardisé et adopté par une communauté scientifique internationale; ce dernier niveau est souvent qualifié de théorique ou scientifique. Cette externalité favorisée par ces différents niveaux de langage permet à la personne engagée dans et après l’action de la déconstruire , d’aller derrière les événements et les choses. Plusieurs auteurs du présent ouvrage insistent sur les attitudes indispensables à l’accompagnement de stagiaires et même des enseignants novices. Combinant accompagnement et réflexivité, nous avions d’ailleurs utilisé, dans nos propres écrits, l’expression compagnonnage réflexif1 . Cette expression n’est pas anodine ou assortie à un jargon de mauvais aloi. En effet, il s’agit d’un nouveau métier qui, comme les auteurs l’affirment, s’exerce grâce à des compétences, des attitudes et des positionnements par rapport aux savoirs à développer particulièrement. Écoute, respect, ouverture sont des attitudes reprises par toutes et...

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