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C H A P I T R E 9 LES TRANSFORMATIONS DES RAPPORTS DE GENRE DANS LES GROUPES ASSOCIATIFS Christina Haralanova Il n’y a rien d’inévitable ni de naturel dans les modes d’identification de la technologie au masculin et dans les modes de définition de la masculinité en termes de compétence technique. WAJCMAN, 2002, p. 51. 184 L’action communautaire québécoise à l’ère du numérique 9.1. LES TECHNOLOGIES ET LE GENRE: DEUX NOTIONS EN RELATION À l’aube du XXIe siècle, notre société subit une variété de transformations , engendrées par le développement intensif des nouvelles technologies . Cette période, appréhendée par certains observateurs comme le prolongement de l’ère informationnelle (Proulx, 2007, p. 115), se caractérise par l’évolution dynamique des nouvelles technologies, une accélération des échanges interpersonnels, l’apparition de nouveaux canaux médiatiques et l’émergence de nouveaux espaces publics. L’accent est donc mis sur le développement de modes originaux de communication élaborés dans le cadre de relations médiatisées par ordinateurs, mais aussi sur une présence accrue des technologies dans les activités au quotidien. Dans ce contexte, on s’interroge sur la place des femmes dans ces transformations intensives, affectant autant l’économie que la politique dans la société. Dans les années 1980, les études féministes se fondaient sur le présupposé du déterminisme technologique. Elles s’intéressaient par conséquent aux impacts des technologies de l’information et de la communication (TIC) sur la vie des femmes. Parce qu’elles associaient les technologies aux structures capitalistes et patriarcales, certaines femmes ont choisi de les rejeter de leurs principaux centres d’intérêt (Wajcman, 2002, p. 54). Même après le tournant constructiviste des études féministes des années 1990, les recherches continuent à démontrer une présence minoritaire des femmes dans les domaines de l’informatique et des technologies. Dans les faits, les femmes se représentent toujours les technologies comme de simples outils. Selon Chat Garcia Ramilo, coordinatrice régionale du programme d’appui aux femmes de l’Association pour le progrès des communications1 (APC),«les femmes sont absentes de tous les processus et espaces de construction liés aux règles, aux structures, aux standards et aux outils des technlogies de l’information et de la communication. Les technologies restent, elles aussi, malgré leur développement intensif, à l’écart des débats qui animent les mouvements féministes, et ce, malgré leur développement intensif» (Ramilo, 2006, p. 68). Une question cruciale se pose alors au sujet de l’interrelation entre les femmes et les technologies, et sur laquelle débattent nombre de chercheurs depuis une vingtaine d’années. Elle a été posée par Synthia Cockburn pour la première fois en 1983. Les technologies sont-elles façonnées par le genre, et le genre est-il, réciproquement, 1. Le site Web de APC, . [3.15.143.181] Project MUSE (2024-04-16 23:20 GMT) Chapitre 9 Les transformations des rapports de genre 185 façonné par les technologies? (Cockburn, cité par MacKenzie et Wajcman, 1999, p. 25). La première partie de cette question est analysée en détail par Judy Wajcman dans son article «La construction mutuelle des techniques et du genre: l’état des recherches en sociologie». Elle y constate l’absence de la question du genre dans les recherches en sciences sociales sur les technologies, et ce, même avec le développement des études postulant l’interpénétration de la technique et de la société (à l’instar du constructivisme social) (Wajcman, 2002, p. 56). Bien que la masculinité n’ait jamais été explicitement discutée en tant que facteur prédominant dans le domaine technologique, les travaux historiques démontrent le caractère éminemment masculin des nouvelles technologies. Ils dévoilent en effet une division sexuelle de la technique, résultant d’une séparation entre le travail «masculin» et«féminin». Par conséquent, une sexualisation des machines s’est impos ée, certaines étant considérées comme féminines (le téléphone portable par exemple) et d’autres comme masculines (les technologies informatiques en général) (Jouët, 2000, p. 504). L’omniprésence de la«gent» masculine s’exprime autant par les stéréotypes sociaux imposés dans l’usage...

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