In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

C H A P I T R E 2 5 ENJEUX ET DÉFIS DE L’ORGANISATION COMMUNAUTAIRE EN AMÉRIQUE LATINE Yvan Comeau Université Laval yvan.comeau@svs.ulaval.ca Manon Boulianne Université Laval Manon.Boulianne@ant.ulaval.ca Ce chapitre présente les principaux éléments du contexte latino-américain et les tendances majeures de l’organisation communautaire qui s’y pratique1 . Le propos s’appuie sur des illustrations provenant de quatre pays révélateurs de la diversité des contextes et des pratiques latino-américaines en organisation communautaire : le Brésil, le Chili, le Mexique et le Pérou. Le chapitre prend fin avec un exposé des principaux enjeux et défis qui caractérisent l’organisation communautaire d’aujourd’hui en Amérique latine. 1. Cette perspective permet de saisir la particularité de l’organisation communautaire telle qu’elle est pratiqu ée en Amérique latine alors qu’il existe une grande convergence entre la méthodologie de l’organisation communautaire présentée dans les ouvrages en espagnol (Gracia Fuster, 1997 ; Ander-Egg et Aguilar Idañez, 2000 ; Ander-Egg, 2002 ; Neuser, 2004) et dans les manuels francophones et anglophones rédigés par des auteurs nord-américains et européens. 404 L’organisation communautaire – fondements, approches et champs de pratique 25.1. DÉVELOPPEMENT INÉGAL ET SITUATIONS DE NÉCESSITÉ INTERPELLANT L’ORGANISATION COMMUNAUTAIRE La structuration de la plupart des nations latino-américaines produit des situations d’inégalités territoriales à l’intérieur d’un même pays. Cette tendance débute dès les colonisations espagnole et portugaise qui privilégient les zones riches en ressources naturelles (minerai, forêts et ressources halieutiques) et les plus prometteuses sur le plan agricole. Avec l’industrialisation, cette ségrégation de l’espace se poursuit et prend des modalités particulières dans les divers pays. Ainsi, la société péruvienne se caractérise, au milieu du XXe siècle, par un développement inégal entre la côte et les Andes (La Sierra), surtout peuplées d’autochtones. L’exemple du Mexique s’avère tout aussi révélateur. L’industrialisation s’est produite au centre et au nord du pays et un clivage économique s’est toujours manifesté entre les grandes villes où se concentrent les emplois et les services, d’une part, et le milieu rural, d’autre part. Par ailleurs, l’exode rural lié aux conditions de vie précaires à la campagne et la forte natalité qui prévaut entre 1940 et 1960 ont fait quadrupler la population de la ville de Mexico entre 1940 et 1970. La qualité de vie dans les nouveaux quartiers, souvent issus d’occupations illégales de terres publiques ou privées de la part des populations paupérisées, n’est pas pour autant assurée puisque les autorités tardent à mettre en place les services d’aqueduc, d’électricité et d’égout. On comprend donc pourquoi les quartiers urbains en périphérie des grandes villes et le milieu rural ont toujours représenté des localités où les situations de nécessité interpellent l’organisation communautaire. 25.2. CONCENTRATION DE LA PROPRIÉTÉ TERRIENNE, REVENDICATIONS POUR LA RÉFORME AGRAIRE ET DÉVELOPPEMENT RURAL En milieu rural, il est connu que l’impossibilité d’accéder à la terre diminue grandement les possibilités pour les familles de subvenir à leurs besoins ; le salariat agricole ou l’émigration2 deviennent pratiquement les seuls choix possibles. Pour l’organisation communautaire, deux types d’intervention peuvent permettre aux populations rurales d’améliorer leurs conditions de vie. La première suppose un processus de revendication qui prend différentes formes : manifestations pour une 2. Ainsi, dans le cas du Pérou, la concentration de la propriété terrienne (malgré les occupations des paysans andins pour avoir accès à la terre), la prospérité économique de la côte (sous contrôle de capitaux étrangers) et la présence d’une guérilla dès 1965 entraînent une émigration importante principalement vers la capitale. Au Mexique, encore aujourd’hui, l’émigration des hommes vers les ÉtatsUnis permet le transfert d’une partie de leurs revenus vers leur famille restée au pays (voir l’encadré sur l’expérience de CEDESA). Actuellement, les remises d’argent représentent, après le pétrole, la deuxième source de devises étrangères au Mexique. [3.144.172.115] Project MUSE...

Share