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C H A P I T R E 2 3 LA COOPÉRATION INTERNATIONALE Mise en contexte pour l’organisation communautaire Louis Favreau Université du Québec en Outaouais louis.favreau@uqo.ca Lucie Fréchette Université du Québec en Outaouais lucie.frechette@uqo.ca René Lachapelle CSSS de Sorel-Tracy rene.lachapelle@rrsss16.gouv.qc.ca Les communautés locales dans lesquelles se déploie l’organisation communautaire sont confrontées aux effets de la mondialisation néolibérale. Dans le contexte où le libéralisme occupe tout l’espace idéologique, des initiatives le plus souvent modestes se définissent comme alternatives à une activité économique dominée par la logique de marché. Les cuisines collectives, le microcrédit et la microfinance, les coopératives de production culturelle, les entreprises de commerce équitable… surgissent dans les pays du Sud et du Nord comme autant d’initiatives qui voyagent selon une dynamique qui n’est plus à sens unique. L’émergence, par exemple, d’entreprises à propriété collective qui se réclament de l’économie sociale et solidaire est un phénomène d’actualité universel . Partout dans le monde, dans les pays du Nord comme du Sud, ces expériences inédites surgissent et participent à la construction d’une nouvelle façon de vivre et de penser l’économie à travers des dizaines de milliers de projets. 356 L’organisation communautaire – fondements, approches et champs de pratique 23.1. ONGD ET COOPÉRATION NORD-SUD Depuis trois décennies déjà, les organisations non gouvernementales (ONG) québécoises se sont peu à peu inscrites dans ces nouvelles formes de coopération internationale: elles soutiennent l’organisation de communautés dans des bidonvilles ; elles accompagnent des initiatives socioéconomiques, entreprises à propriété collective et développement économique local, au sein du secteur informel de nombreuses villes du Sud ; elles travaillent souvent dans le cadre de projets structurant les communautés dans une perspective de développement durable. Les organisations de coopération internationale (OCI), partenaires d’initiatives au Sud, sont, en tout ou en partie, des ONG dites de développement (ONGD) pour les différencier des ONG d’urgence ou d’aide humanitaire ou des services internationaux de mouvements syndicaux, coopératifs ou de femmes, qui soutiennent des ONG et des entreprises du Sud. Comme le font valoir dans cet ouvrage, Comeau et Boulianne, pour l’Amérique latine et Assogba et Fréchette pour l’Afrique, les ONGD sont très actives sur ces continents et une solidarité internationale nouvelle prend forme au sein des mouvements sociaux. L’essentiel du travail de ces ONGD, qui sont aussi bien des OCI du Nord que des ONG nationales du Sud, les associe directement à des projets issus de communaut és locales et d’organisations du Sud – groupes de femmes, groupes de jeunes, coopératives et mutuelles, syndicats. La coopération au développement, depuis plusieurs décennies, ne relève plus des seules initiatives gouvernementales1; elle s’en distingue par sa contribution, ses acteurs, ses finalités. Ces ONGD sont des organisations de coopération internationale (OCI) de pays du Nord travaillant avec leurs semblables au Sud qui se sont, elles, multipliées au cours des trois dernières décennies. En règle générale, elles sont composées de professionnels issus des classes moyennes urbaines (animateurs communautaires, architectes, sociologues, vétérinaires et agronomes, enseignants et éducateurs populaires, etc.), travaillant en association avec des organisations locales de paysans, de travailleurs ou d’habitants des bidonvilles. Au fil du temps, ces ONGD sont devenues des lieux privilégiés de pratiques de développement local et de soutien à l’entrepreneuriat collectif, ce qui signifie, grosso modo, un travail autour de trois axes : 1. On peut d’ailleurs noter ici que le démarrage de ce nouveau type de développement local dans les pays du Sud coïncide – ce qui n’est pas un hasard – avec les projets de guerre à la pauvreté dans des pays comme les États-Unis, le Canada ou le Royaume-Uni à l’intérieur des quartiers en déclin des grands centres urbains. Cette guerre à la pauvreté, tout en ayant reçu son impulsion première des gouvernements libéraux en place, sera, tout comme dans les pays du Sud, relayée par des mouvements sociaux locaux, des associations à but non lucratif (OBNL), sorte d’ONG qui constituent l’armature de base de l’actuel mouvement associatif de ces pays. [18.223.172.252] Project MUSE...

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