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C H A P I T R E 5 L’APPROCHE D’ACTION SOCIALE OU SOCIOPOLITIQUE EN ORGANISATION COMMUNAUTAIRE Yvan Comeau Université Laval yvan.comeau@svs.ulaval.ca La notion de policy practice que l’on peut traduire par « approche sociopolitique » de l’intervention apparaît dans les écrits anglo-saxons sur l’organisation communautaire dans les années 1970, puis prend de l’importance dans les décennies suivantes. Pour McDonough (1993), les modèles de l’approche sociopolitique couvrent un éventail assez large et comprennent non seulement la «défense collective des droits », mais également les réformes pour l’élargissement des droits par l’« action juridique » et l’« action sociale». À l’instar de cette auteure, on peut considérer l’intervention sociopolitique comme une façon de désigner plusieurs modèles d’intervention : l’« action sociale » de Rothman (1970) ; le modèle de « pression » et celui de « politisation » proposés par Doré (1985) ; l’« action sociale et politique », le « développement de coalitions » et la « consolidation des mouvements sociaux» nommés par Weil et Gamble (1995) ; enfin, les modèles d’« action sociale », de « défense de droits » et d’« éducation populaire » de Checkoway (1995). Formellement, l’intervention sociopolitique se définit comme étant une approche de l’organisation communautaire désignant plusieurs modèles qui cherchent à renforcer les capacités d’une communauté à exprimer ses frustrations et ses désirs, à les traduire en droits, à codifier ceux-ci dans des normes, des règles, des politiques et des coutumes, 82 L’organisation communautaire – fondements, approches et champs de pratique c’est-à-dire des institutions au sens sociologique du terme, à faire respecter ces droits et à procéder aux changements permettant d’atteindre ces fins (traduction libre de Wyers, 1991). Les différents modèles d’intervention sociopolitique accordent une place prépond érante à la dimension politique et au conflit. De fait, le changement des règles, des normes et des coutumes de même que les résultats de l’action dépendent du pouvoir qu’un groupe peut acquérir (dimension politique) et de sa capacité à faire pression (le conflit ; Touraine, 1993). Le pouvoir s’acquiert par une organisation que se donne un groupe ou une collectivité, affirme Alinsky (1976). L’organisation est essentielle, car elle permet l’unité et la solidarité des personnes, constitue l’interlocuteur privilégié pour la cause, réunit des ressources financières et humaines, facilite la production des arguments et du discours, soutient les personnes dans leur recherche de solutions aux difficult és qu’elles rencontrent à travers la mobilisation, favorise le renouvellement des leaders et aide à la constitution de réseaux et de coalitions avec d’autres organisations semblables (McCarthy et Zald, 1973 et 1977 ; Reitzes et Reitzes, 1991 ; Faver, 1994). Pour Antimo Farro (2000, p. 221), l’organisation constitue à la fois un instrument de rationalisation et d’efficacité pour l’action, un moyen pour établir des relations entre les membres, un lieu permettant de concevoir des analyses et des solutions aux problèmes de même qu’un espace à partir duquel les membres établissent des contacts avec d’autres acteurs pertinents au développement de l’action. L’intervention sociopolitique mise également sur le conflit non violent pour la conquête des droits et le changement. Le conflit comporte plusieurs dimensions. Il fait d’abord intégralement partie de la dynamique sociale étant donné les rapports et les intérêts divergents entre les classes sociales sur différentes questions (Touraine, 1993). Un autre aspect du conflit réside dans l’usage stratégique qu’en fait l’organisation. Celle-ci le « construit » ou encore le « révèle » lorsqu’au terme de demandes et de démarches répétées, le groupe n’obtient pas la possibilité de négocier le changement souhaité ; le conflit représente alors un moyen de faire pression sur l’adversaire pour l’obliger à négocier, en prenant à témoin l’opinion publique. En outre, le conflit et l’action ne font qu’un, puisque le premier représente une source de cohésion et de mobilisation, surtout s’il concerne un adversaire identifiable et paraissant peu charismatique , arrogant et incompétent (Bajoit, 2003, p. 140). Ce chapitre fait état des connaissances sur l’intervention sociopolitique en consid érant les différents moments historiques ayant contribué à sa structuration. Les principes d’intervention sociopolitique se développent dans des contextes particuliers et leur synthèse dans des modèles émane des actions. Puisque...

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