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C h a p i t r e 6Mondialisation, évolution des curriculums L’arbre cache-t-il la forêt? Pierre Runner Institut international de planification de l’éducation (IIPE-UNESCO) runnerpierre@hotmail.com [18.116.239.195] Project MUSE (2024-04-19 22:52 GMT) Mondialisation, évolution des curriculums 11 Dans sa vie quotidienne, chacun peut percevoir les effets de la«mondialisation». Il le constate sur le plan de l’information, de la consommation, de la culture, bref, dans tout ce qui l’entoure. Ces effets s’observent aussi naturellement chez tous ceux qui reçoivent de l’éducation et, plus spécifiquement, par les curriculums, c’est-àdire les «cheminements» vers le savoir, si l’on reprend l’étymologie latine de ce mot. En d’autres termes, cela veut-il dire que ce chemin se dirige vers une pensée commune? Et, si oui, vers laquelle? Au contraire, cette mondialisation, plus ou moins imposée par ce que l’on ressent comme un monde économique dominateur, provoque-telle des phénomènes de rejet de plus en plus violent et se dirige-t-on vers une parcellisation des savoirs en «sous-mondes» de plus en plus antagonistes? Notre réponse à ces interrogations relève de notre vision de ces phénomènes, laquelle dépend naturellement de notre lieu d’observation . Pour une personne familière avec ce qu’on appelle le tiers-monde ou pays «en développement» ou «émergents», tout particulièrement de pays à forte culture musulmane ou à culture dominante islamique , cette réponse ne peut être que bivalente, mais, tout d’abord, entendons-nous bien sur les termes. Qu’entend-on par «curriculum» et par «mondialisation»? Reprenant une définition1 établie par le Bureau international d’éducation – l’Institut de l’UNESCO spécialiste en la matière –, on peut décrire le curriculum comme «un ensemble rationnel d’intentions qui cherchent à articuler les différentes composantes pédagogiques de systèmes éducatifs (objectifs, contenus, méthodes, évaluations, etc.) pour les rendre cohérents entre eux et au travers d’environnements en évolution constante sur les plans régional, national et international»2 . Il en résulte une chaîne continue d’activités nécessaires permettant le passage d’une politique et de stratégies éducatives aux actions concrètes d’enseignement et d’apprentissage. Ainsi, il ne s’agit pas seulement de savoir d’où part ce chemin et où il va, mais aussi de mieux connaître son environnement et son revêtement pour qu’il y ait le moins de cahots possible. Il s’agit aussi – et c’est sans doute l’une des plus grandes interrogations – de savoir qui va l’emprunter 1. IBE (en anglais). UNESCO/IBE, 2000, p.  (notre traduction). UNESCO/IBE, 2000, p.  (notre traduction).  (notre traduction).  (notre traduction). 2. Pour des précisions sur le concept de curriculum, voir le chapitre de Jonnaert Pour des précisions sur le concept de curriculum, voir le chapitre de Jonnaert et Ettayebi (2007) dans le présent ouvrage. 11 Observer les réformes en éducation et pour combien de temps. Plus difficilement, compte tenu de toutes les connotations politiques, voire démagogiques, qui y sont associées, que faut-il entendre par «mondialisation»? Dit simplement, pour la plupart des gens à qui l’on pose cette question, il s’agit de l’«occidentalisation» et, plus précisément encore, de «l’américanisation» de la société. Pour eux, ce phénomène est relativement récent. Il a démarré après la Seconde Guerre mondiale et s’est accéléré après la chute du mur de Berlin et la disparition du modèle soviétique. Certains, à gauche, diront que ce phénomène résulte de la généralisation ou d’une recherche de généralisation du modèle d’économie libérale, avec tout ce que cela comporte d’exploitation des ressources naturelles et… humaines. D’autres, plus à droite, affirmeront que c’est la recherche non pas du libéralisme, mais des libertés en tout genre, associant souvent le concept de mondialisation au terme «démocratie», étant entendu que la démocratie doit conduire à un monde sans frontières où chacun pourra faire valoir ses avantages comparatifs. Une grande majorité, cependant, s’accordent sur le poids dominant des médias et de ce qu’ils «vendent» aux jeunes en termes de «culture» (musique, habillement, nourriture), voire de pensée. Lorsqu’on sait...

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