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3 C H A P I T R E PROFIL COGNITIF DES JEUNES AVEC UN TDAH Marie-Claude GUAY, Université du Québec à Montréal Pierre LAPORTE, Université Laval RÉSUMÉ Dans le premier chapitre, nous avons vu comment l’évaluation des fonctions cognitives peut contribuer à améliorer la valeur prédictive du TDAH. Dans le présent chapitre, nous allons décrire en détail les fonctions cognitives qui sont déficitaires dans le TDAH et la manière dont nous pouvons les évaluer. L’objectif général de ce chapitre est donc de tracer un profil cognitif du TDAH, permettant une meilleure compréhension de la dimension neurocognitive de la maladie. Après avoir succinctement présenté un modèle théorique de l’attention puis un modèle du TDAH, nous détaillerons les déficits exécutifs, centraux dans le TDAH (inhibition de la réponse, mémoire de travail , flexibilité cognitive et planification de l’action). Pour chaque déficit exécutif considéré, nous examinerons tout d’abord les épreuves neuropsychologiques permettant de les objectiver, puis nous analyserons les performances des jeunes avec TDAH à ces épreuves. 38 Trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité L’expansion des neurosciences cognitives au cours des trente dernières années a permis de développer des méthodes d’évaluation neuropsychologique beaucoup plus raffinées, favorisant ainsi une meilleure compréhension des processus cognitifs fondamentaux ainsi que celle de leurs dysfonctionnements. Certes, il reste à ce jour encore beaucoup d’inconnues dans ce domaine, mais nos connaissances des déficits cognitifs inhérents à certains troubles neuropsychologiques et à certaines psychopathologies ont considérablement progressé. C’est ainsi que dans le trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH), plusieurs déficits cognitifs, principalement reliés au fonctionnement exécutif, ont pu être identifiés. Au fil des ans, ces déficits exécutifs des jeunes avec TDAH ont été mis en relation avec leurs problèmes d’autorégulation des comportements. Selon cette perspective, les problèmes de comportements observés dans le TDAH (inattention-hyperactivité-impulsivité) rendent compte des déficits cognitifs. Il s’agit donc d’une psychopathologie neurocomportementale et neurocognitive, c’est-à-dire d’une neuropsychopathologie. Toutefois, les relations de causalité et d’interdépendance entre les déficits cognitifs, les circuits neuronaux et les comportements ne sont pas encore clairement établies et méritent d’être approfondies. Dans le langage courant, être attentif, porter attention ou se concentrer sont des expressions fréquemment employées et interchangeables. Cependant, ces expressions renvoient en fait à plusieurs processus cognitifs distincts qui sont autant de fonctions attentionnelles distinctes. Afin de mieux comprendre ce que sont ces fonctions attentionnelles, nous présenterons tout d’abord un modèle théorique classique de l’attention développé par Posner et Raichle (1994, 1997). Les déficits attentionnels des jeunes qui présentent un TDAH seront alors succinctement décrits et mis en lien avec les composantes de ce modèle théorique. Nous présenterons ensuite le modèle théorique de Barkley (1997) constituant une tentative d’explication de la psychopathologie du TDAH dans son ensemble. Ce modèle est actuellement considéré comme un modèle classique dans les études sur le TDAH. Il est en fait le premier qui tente d’étayer les liens existants entre les déficits cognitifs de ces jeunes et leurs problèmes d’autorégulation des comportements. Après avoir brièvement présenté ces modèles théoriques, nous détaillerons les déficits exécutifs, centraux dans le TDAH. Pour chaque déficit exécutif considéré, nous examinerons tout d’abord les épreuves neuropsychologiques permettant de les objectiver, puis nous analyserons [18.188.252.23] Project MUSE (2024-04-25 04:33 GMT) Profil cognitif des jeunes avec un TDAH 39 les performances des jeunes avec TDAH à ces épreuves. L’objectif général de ce chapitre est de tracer un profil cognitif du TDAH, permettant une meilleure compréhension de la dimension neurocognitive de la maladie. Malheureusement, nous ne pourrons ici tracer le profil cognitif de ces jeunes selon une perspective développementale ou selon les comorbidités (trouble anxieux, troubles de comportement ou trouble d’apprentissage) dans la mesure où la complexité et les divergences entre les profils mériteraient qu’on y consacre un livre entier, traitant uniquement des troubles cognitifs. 1. MODÈLE DE L’ATTENTION...

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