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6 C H A P I T R E SOMMEIL ET TDAH Mélanie LABROSSE, Université de Montréal Marc-André GINGRAS, Université du Québec à Montréal Roger GODBOUT, Université de Montréal RÉSUMÉ Le sommeil et la veille partagent des mécanismes psychophysiologiques qui s’influencent mutuellement de sorte qu’un dysfonctionnement dans l’un risque d’avoir des conséquences indésirables sur l’autre. De nombreuses études montrent que le trouble déficitaire de l’attention/hyperactivité (TDAH) s’accompagne de troubles du sommeil et on peut donc croire que certains des aspects cliniques de cette condition pourraient être associés à une mauvaise qualité du sommeil. À l’inverse, certains auteurs proposent que des éléments physiopathologiques du TDAH mèneraient eux-mêmes à une désorganisation du sommeil. Le présent chapitre fait une revue des connaissances sur ces questions et tente d’établir des pistes de convergence qui pourraient permettre de mieux comprendre plusieurs des manifestations cliniques du TDAH, en particulier les difficultés de fonctionnement cognitif. 92 Trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité L’organisation du sommeil est sous l’influence de systèmes neuronaux dont plusieurs sont partagés avec l’état d’éveil. On ne sera donc pas surpris de constater qu’une affection comme le trouble déficitaire de l’attention/hyperactivité (TDAH) soit associée à une mauvaise qualité du sommeil. Ainsi, les diverses études sur la question estiment que 25 % à 50 % des enfants avec un TDAH présentent de tels troubles. Si l’on ajoute à cela les effets des médicaments psychostimulants souvent utilisés avec les enfants avec un TDAH, cette proportion peut grimper jusqu’à 70 %. Les troubles du sommeil entraînent des conséquences diurnes qui se traduisent parfois par une diminution des habiletés attentionnelles, de même que du contrôle de l’inhibition et/ou des fonctions exécutives, lesquelles rappellent le portrait clinique du TDAH (Fallone, Owens et Deane, 2002). Inversement, le phénotype comportemental du TDAH évoue les répercussions diurnes d’un sommeil de mauvaise qualité. Il n’est pas surprenant, selon Thunstrom (2002), que le quart des enfants présentant un trouble sévère de sommeil en très bas âge se qualifieront au cours de l’enfance pour un diagnostic de TDAH. Afin de mieux faire comprendre les diverses composantes qui unissent le sommeil et le TDAH, le présent chapitre décrira d’abord les principaux mécanismes de contrôle du sommeil, puis les particularités du sommeil des enfants avec TDAH et enfin les liens qu’ils peuvent avoir avec le fonctionnement cognitif. 1. NOTIONS GÉNÉRALES SUR LE SOMMEIL : MÉTHODES DE MESURE ET ORGANISATION CARACTÉRISTIQUE Il existe trois méthodes principales pour mesurer le sommeil, soit les questionnaires, l’actigraphie et la polysomnographie. Les questionnaires du sommeil permettent de connaître l’appréciation du sommeil par la personne elle-même ou par un parent, de même que d’estimer quantitativement la répartition des périodes de sommeil et d’éveil au cours des 24 heures. Il existe des questionnaires validés pour caractériser spécifiquement les troubles du sommeil chez l’enfant, mais ils ne sont malheureusement publiés qu’en anglais (Bruni et al., 1996 ; Owens et al., 2000). Une forme dérivée très utilisée est « l’agenda de sommeil » dont plusieurs modèles sont disponibles sur Internet (voir aussi Godbout, 2005) et qui constitue sans doute l’outil le plus utile à la fois pour les intervenants et les parents. Il s’agit d’un formulaire rempli chaque matin où l’on indique les heures de coucher, de lever, de réveils nocturnes ainsi que les évènements diurnes significatifs tels que la prise de médicaments, [52.14.168.56] Project MUSE (2024-04-25 09:28 GMT) Sommeil et TDAH 93 l’occurrence de siestes, ou tout autre élément jugé pertinent (conflit au moment du coucher, présence de ronflement, etc.). Il faut compter au moins deux semaines consécutives de mesures, idéalement trois, afin de mettre en relief des caractéristiques souvent insoupçonnées lorsque les journées ne sont analysées qu’individuellement. Ainsi, l’agenda de sommeil permet d’effectuer la comparaison nécessaire entre les données obtenues la semaine (soumises aux contraintes socioprofessionnelles) à celles obtenues les fins de semaine...

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