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I Une église n’est pas qu’un monument. Comme le veut la bonne vieille distinction du temporel et de l’intemporel, c’est aussi un bâtiment, bien matériel; pour certains, l’église ou son terrain constituent même un actif foncier. Pour d’autres, il s’agit de «patrimoine», du «bien hérité du père», comme on le sait et, par extension, d’un «bien propre», qui leur appartiendrait de manière exclusive ou particulière... Cependant, dans la mesure où l’aventure commune des «biens propres» est, précisément, de changer de mains, et puisqu’il faudra bien un jour savoir qui devra payer, non seulement pour la plus-value patrimoniale, mais pour le maintien ou la disposition des pierres, des briques et du terrain, tenter d’envisager l’avenir des églises requiert que l’on réfléchisse aux enjeux que toute forme de propriété, publique, collective ou privée, sous-tend pour la société civile qui s’interroge quant au devenir de son patrimoine. Pensons, simplement, à ceci: la même recherche Google de l’expression intégrale «church for sale», qui, il y a trois ou quatre ans, ne donnait que de piètres produits, rend aujourd’hui 11 000 résultats. La propriété et ses enjeux© 2006 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca Tiré de : Quel avenir pour quelles églises?, Lucie K. Morisset, Luc Noppen et Thomas Coomans (dir.), ISBN 2-7605-1431-5 • D1431N Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés 38 Quel avenir pour quelles églises? / What future for which churches?© 2006 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca Tiré de : Quel avenir pour quelles églises?, Lucie K. Morisset, Luc Noppen et Thomas Coomans (dir.), ISBN 2-7605-1431-5 • D1431N Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés Éternel débat, certes, que celui de la propriété des églises, puisque l’autonomie des Hommes y affronte l’hétéronomie de Dieu; on peut sans doute le créditer de la plupart des conflits et des mistrusts qui naissent dans l’Église, entre l’ordre civil et l’ordre religieux que le citoyen de la laïcité ne rencontre ni ne connaît plus guère. Entre deux voisins, en somme, s’arrachant une frange de terre... Aux États-Unis, dit-on, les églises appartiennent aux diocèses. En France, la plupart de celles construites avant 1905 appartiennent aux communes. Rien n’est pourtant aussi simple qu’il n’y paraît; derrière tous les textes que réunit cette première partie, le fantôme des «biens noirs d’Église» rôde... Ceux-ci désignent, comme nous l’apprend Thomas Coomans, ces bâtiments qui ne sont plus affectés au culte, ni public, ni privé, détruits lors de la Révolution ou aliénés par l’État à des particuliers. Des propriét és privées, en somme, à l’heure où précisément la Belgique rangeait les églises domaniales dans le domaine public. On comprend là l’enjeu de cerner, aujourd’hui, cette notion de propriété, probablement bien plus à la lumière de nos sensibilités actuelles que de quelque héritage pluriséculaire que nous ne comprendrions plus et dans lequel s’embourberait l’action, comme dans cette «ambiance floue» exposée par Jean-Michel Leniaud, dans laquelle «la République française prétend exercer un contrôle de police relativement strict sur les édifices du culte», mais à l’évidence ne s’en donne pas les moyens. La question de la propriété des églises s’impose aujourd’hui d’autant plus qu’il y a les faits, il y a les droits, il y a l’attachement, il y a l’imaginaire et que, tandis que le pouvoir politique ou juridique pouvait jadis suffire à statuer de l’appartenance d’un bien, cet imaginaire, qui construit le patrimoine, n’obéit pas aux lois, mais aux représentations . Voyons brièvement les enjeux qui sont explorés ici, à la lumière des temps historiques qui ont vu à la définition progressive d’une propriété des églises et des...

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