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1 1 Chapitre Écotourisme et développement durable viable Une dialectique, un cadre interprétatif Christiane Gagnon Ph. D. en aménagement Professeure au Département des sciences humaines de l’UQAC Christiane_Gagnon@uqac.ca Dominic Lapointe Doctorant en développement régional, UQAR Dominic.Lapointe@uqar.qc.ca 14 L’écotourisme entre l’arbre et l’écorce Résumé L’écotourisme a été défini, lors du récent Sommet mondial, comme une forme de tourisme durable « qui contribue activement à la protection du patrimoine naturel et culturel, qui inclut les communautés locales et indigènes dans sa planification, son développement et son exploitation et contribue à leur bien-être » (Québec, 2002, p. 69). En principe, les activit és écotouristiques reposent sur une fréquentation de lieux naturels, selon des objectifs d’observation, de récréation, de connaissances écologiques , culturelles, anthropologiques (Boo, 1990 ; Ceballos-Lascuráin, 1996 ; Fennel, 2000). Par ailleurs, l’écotourisme participe d’une mouvance élargie, celle du développement durable et responsable (Ziffer, 1989), associée à une recherche d’authenticité, du moins de la part des écotouristes. Ce type de tourisme n’est pas sans susciter un certain nombre de questions. Malgré un discours de protection de l’environnement , comme le démontre le cas des parcs nationaux de l’Ouest canadien , l’écotourisme est-il compatible avec la fréquentation soutenue de territoires exceptionnels ? Peut-il être envisagé, pour les communautés rurales, éloignées, fragilisées, comme un nouveau créneau de développement économique local (Boo, 1990; Ceballos-Lascuráin, 1996; Gagnon, 1998) ? Ou entre-t-il dans la logique du marché, de la compétition entre les destinations et de la rentabilisation de la nature (Duffy, 2002) ? En somme, l’écotourisme porte-t-il les germes d’un changement significatif, à plus grande échelle, dans la façon de penser et de faire le tourisme et le développement ? Le chapitre portera sur les lieux convergents et divergents des définitions et approches rattachées à l’écotourisme, à partir d’une analyse documentaire axée sur les liens entre le développement local viable et l’Autre tourisme. [3.137.178.133] Project MUSE (2024-04-19 21:42 GMT) Écotourisme et développement durable viable 15 L’écotourisme: un tourisme prenant en compte la dimension environnementale et contribuant au développement durable et viable des communautés hôtes? Selon l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), l’écotourisme correspond à une déclinaison du tourisme durable qui «répond aujourd’hui aux besoins des touristes et des régions qui les accueillent tout en protégeant et en améliorant les ressources pour l’avenir» (Québec, 2003, p. 8). La Déclaration finale du sommet mondial de l’écotourisme (Québec, 2002) amalgame trois composantes dans une symphonie, en apparence, harmonieuse: la satisfaction des touristes, la protection des patrimoines naturels et culturels et le bien-être des communautés locales. Mais au-delà des grands objectifs et recommandations évoqués dans cette Déclaration, il n’y a pas de référence précise au mode de résolution de conflits potentiels, aux défis posés pour arrimer concrètement l’écotourisme au développement durable viable des communautés. Cela porte à réduire l’écotourisme à un énoncé vertueux qui ne remet pas en cause les pratiques non souhaitables de l’industrie touristique et ses impacts sociaux. Cela pose les questions suivantes: est-ce que les acteurs gouvernementaux font la promotion de l’écotourisme pour faire contrepoids au tourisme de masse ou au tourisme diffus? Est-ce pour ajouter un nouveau créneau au marché répondant aux valeurs écologistes de certains consommateurs (Breton, 2001b ; Duffy, 2002)? Tout se passe comme si l’écotourisme et l’industrie touristique reposaient sur un postulat non explicite, à savoir que l’environnement est une sorte d’usufruit perpétuel dans le sens où les promoteurs s’en servent comme produit d’appel afin de percevoir des revenus et des bénéfices à court ou moyen terme. Ils agissent comme s’ils disposaient de l’environnement , externalisant tous les types d’incidences à long terme. Ce postulat nous fait entrer de plein fouet dans la dialectique du concept d’écotourisme: vouloir conserver l’environnement et, en même temps, offrir des produits écotouristiques pour se positionner sur un marché international dont la demande est croissante1 de même que répondre aux besoins fondamentaux des collectivités d’accueil. Or il...

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