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9 9 Chapitre La place de la forêt dans le développement futur des Antilles françaises L’exemple de la Martinique Philippe Joseph MCF, Biogéographie Université des Antilles et de la Guyane, Département de géographie, laboratoire GEODE Caraïbe E929 270 L’écotourisme entre l’arbre et l’écorce Résumé À l’origine, dans les Petites Antilles, les forêts couvraient l’ensemble des îles du littoral jusqu’à environ 800 mètres. Espace de survie des Amérindiens et des premiers colons, l’écosystème sylvestre, malgré sa fragilisation progressive et sa régression spatiale, fut au XVIIIe siècle, au XIXe siècle et dans la première moitié du XXe siècle un lieu de forte exploitation. La dynamique de l’habitat, le développement des infrastructures et des activités économiques consommatrices d’espaces, en congruence avec une forte croissance démographique, sont les principales causes de la régression actuelle des unités forestières. Pourtant cellesci , par leur « tropicalité » singulière, sont en grande partie des éléments essentiels dans l’attrait touristique, notamment pour l’écotourisme. [18.118.12.222] Project MUSE (2024-04-24 15:45 GMT) La place de la forêt dans le développement futur des Antilles françaises 271 Les résultats issus des travaux anciens et récents concernant l’évolution de la végétation des Petites Antilles montrent le caractère purement forestier du couvert végétal précolombien (Stehle, 1935 ; Portecop, 1978 ; Fiard, 1994 ; Joseph, 1997), depuis le littoral jusqu’à une limite altitudinale comprise entre 800 et 900 mètres selon la façade. Dès l’époque précoloniale, la végétation de la Martinique, à l’instar des autres Petites Antilles, a subi de profondes dégradations anthropiques liées aux modalit és d’occupation de l’espace et d’utilisation des ressources naturelles. Cette anthropisation diversifiée en intensité et en fréquence fut et reste l’élément principal conditionnant le modelé paysager actuel. Progressivement , au cours de l’histoire de cette île, les formations végétales régressives essentiellement arbustives, herbacées ou encore préforestières se sont substituées aux différentes sylves originelles supposées climaciques1. En réalité, la forêt s’est inexorablement « insularisée2 ». Pour cause d’artificialisation graduelle des biotopes, les unités végétales du présent dérivent majoritairement de cette végétation originelle sylvatique homéostatique3 et ont des caractéristiques floristiques et biocénotiques4 multiples qui, logiquement, correspondent à un grand nombre d’états de complexité. Ceux-ci s’assimilent à des stades précis de la succession végétale qui, dans une certaine mesure, sont autant de formes régressives qu’il faudra positionner sur un gradient temporel (le gradient dynamique). Néanmoins, les couverts sylvestres relictuels d’aujourd’hui renferment marginalement des groupements de grande qualité écosystémique et floristique proches de ceux qui, à l’origine, couvraient la totalité de l’île. De nos jours, la végétation est une mosaïque de communautés d’âges, de composition et de complexité floristiques différents. Le maintien d’un minimum de diversité biologique a nécessité, depuis quelques décennies, la mise en protection de certaines portions boisées du territoire martiniquais au titre de la qualité floristique, de la qualité paysagère et de la complexité écosystémique. Ces aires protégées forestières ou considérées comme telles, se distribuant dans l’ensemble des bioclimats, sont gérées par tout un ensemble d’organismes public de l’État et des collectivités territoriales : le Conservatoire du littoral et des 1. Le climax est l’évolution optimale de l’écosystème en rapport avec les conditions du milieu. Dans la zone tropicale, en général, celui-ci est forestier. 2. Aujourd’hui la forêt martiniquaise occupe 20 % de sa surface originelle. Ses unités constitutives s’insèrent dans une végétation principalement arbustive et sont de véritables îles. 3. Les biosystèmes homéostatiques sont ceux qui ont atteint un équilibre ultime vis-à-vis des facteurs physiques : c’est le climax. 4. Communautés biologiques végétales (phytocénoses) ou animales (zoocénoses). 272 L’écotourisme entre l’arbre et l’écorce rivages lacustres, le Parc naturel régional de la Martinique (PNRM) et l’Office national des forêts (ONF). Toutefois, en dépit d...

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