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c h a p i t r e 14 L’EFFICACITÉ D’UNE INTERVENTION DE GROUPE AUPRÈS D’ADOLESCENTES AGRESSÉES SEXUELLEMENT ET PRÉSENTANT DES TROUBLES DE COMPORTEMENT Marc Tourigny Université de Sherbrooke Martine Hébert Université du Québec à Montréal Isabelle Daigneault Université du Québec à Montréal REMERCIEMENTS La réalisation de cette recherche a été rendue possible grâce à l’appui financier du Centre de recherche interdisciplinaire sur les problèmes conjugaux et les agressions sexuelles, du Groupe de recherche sur les inadaptations sociales de l’enfance, grâce à des subventions du Fonds québécois de recherche sur la société et la culture (FQRSC), et de la Faculté d’éducation de l’Université de Sherbrooke. Les auteurs souhaitent remercier le personnel du Centre d’intervention en abus sexuel pour la famille (CIASF) et les adolescentes pour leur précieuse participation à ce projet. [18.217.220.114] Project MUSE (2024-04-25 18:24 GMT) 1. LE LIEN ENTRE LES AGRESSIONS SEXUELLES ET LES TROUBLES DE COMPORTEMENT CHEZ LES FILLES Les adolescents représentent une proportion importante des enfants agressés sexuellement1 qui sont connus de la Protection de la jeunesse, soit plus de 40 % d’entre eux (Tourigny, Hébert, Daigneault, Jacob et Wright, 2005). Le phénomène des agressions sexuelles vécues par les adolescentes semble toutefois plus important que ce que rapportent les statistiques officielles. En effet, une étude québécoise réalisée auprès d’un échantillon représentatif des enfants (0-17 ans) pris en charge par quatre centres jeunesse suggère que 30 % de toutes les adolescentes prises en charge sous différents alinéas de la Loi de la protection de la jeunesse rapportent avoir vécu des agressions sexuelles (Pauzé et al., 2000). Il apparaît de plus en plus évident que l’agression sexuelle entraîne des effets dévastateurs auprès des adolescentes qui en sont victimes. Les victimes d’agressions souffrent de plusieurs conséquences sur les plans physique, cognitif et socioaffectif (Kendall-Tackett, Meyer-Williams et Finkelhor, 1993). Plusieurs études qui ont évalué le comportement d’adolescentes ayant vécu des agressions sexuelles dans l’enfance révèlent une diversité de séquelles, et ce, dans plusieurs sphères de fonctionnement. On note ainsi des troubles spécifiques, tels que la dépression, l’anxiété, le stress post-traumatique, la dissociation, la faible estime de soi, la somatisation et les troubles de comportement , dont les comportements autodestructeurs, la délinquance, l’abus de psychotropes, la promiscuité sexuelle, la prostitution ainsi que l’agressivité et les problèmes relationnels (Beitcham, Zucker, Hood, DaCosta et Akman, 1991 ; Fergusson, Horwood et Lynskey, 1996 ; Forbey, Ben-Porath et Davis, 2000 ; Grilo, Sanislow, Fehon, Martino et McGlashan, 1999 ; Kendall-Tackett et al., 1993 ; Nelson et al., 2002 ; Silverman, Reinherz et Giaconia, 1996 ; 1. Dans le cadre de la protection de la jeunesse l’agression sexuelle est définie comme un : « Geste posé par une personne donnant ou recherchant une stimulation sexuelle non appropriée quant à l’âge et au niveau de développement de l’enfant ou de l’adolescent, portant ainsi atteinte à son intégrité corporelle ou psychique, alors que l’abuseur a un lien de consanguinité avec la victime ou qu’il est en position de responsabilité, d’autorité ou de domination avec elle » (MSSS, 1998). Les conduites antisociales des filles 388 Trickett et Putman, 1998). L’adolescence des victimes d’agressions sexuelles semble toutefois plus particulièrement caractérisée par la présence de troubles de comportement (Kendall-Tackett et al., 1993). Dans une recension des écrits sur le lien entre l’agression sexuelle et la délinquance/agressivité, Trickett et Gordis (2004) ont rapporté huit études qui ont comparé un groupe d’enfants agressés sexuellement à un groupe d’enfants présentant des caractéristiques similaires, mais n’ayant pas vécu d’agressions sexuelles. Les études montrent que les mères des filles de 6 à 12 ans agressées sexuellement rapportent plus de comportements agressifs de la part de leur enfant que les mères des enfants qui n’ont pas été agressés sexuellement. Toutefois, les résultats concernant les adolescentes sont plus ambigus. Certaines études montrent que les adolescentes agressées sexuellement sont plus agressives et délinquantes que des adolescentes qui n’ont pas été agressées sexuellement, alors que d’autres n’arrivent que partiellement à ce constat (Trickett et...

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