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© 2005 – Presses de l’Université du Québec CHAPITRE LE TRANSFERT D’EAU VERS LE SADO N’AURA PAS LIEU 10 Fabienne Wateau Le transfert d’eau du bassin du Guadiana vers le bassin du Sado s’inscrit dans le système global du grand barrage d’Alqueva à fins multiples, au Portugal, près de la frontière sud-est avec l’Espagne. Décrié par les écologistes portugais et espagnols pour des raisons de qualité de l’eau, le transfert vers le Sado aurait finalement été annulé au mois de février 2004. L’une des toutes premières fois où il fut question de transfert d’eau en public – du plan d’eau du nouveau barrage d’Alqueva, appartenant au bassin fluvial du Guadiana, vers le bassin fluvial du Sado, sur la façade littorale du Portugal – date de mai 1999, lors d’une journée d’études à Monsaraz intitulée Alqueva, Centre du monde ? L’ingénieur de l’Institut de l’eau de Lisbonne (INAG) y avait alors annoncé officiellement, non sans crainte, une des autres destinations de ce barrage, à savoir que« l’eau d’Alqueva servirait essentiellement à l’approvisionnement du © 2005 – Presses de l’Université du Québec 210 Les transferts massifs d’eau bassin fluvial du Rio Sado1. » Mais la rencontre était restée paisible, le public présent, principalement constitué de propriétaires terriens de l’Alentejo, convaincus que le barrage ne pouvait qu’aider au développement de leur région, semblait ne pas se préoccuper des implications de ce transfert et de ses répercussions sur l’environnement. Le vieux mythe de l’eau, consistant à faire croire aux populations qu’un espace aride deviendrait bientôt une terre fertile, lequel avait déjà fait ses preuves en tant d’autres endroits du monde, était parfaitement adapté à cet espace où l’infrastructure technique tant attendue devait « sauver la région de la désertification tant physique qu’humaine » – comme l’avait déjà décrypté Michel Drain2. L’Alentejo, qui représente un tiers du territoire national et n’abrite plus aujourd’hui que 5 % de la population totale du pays, est une région traumatique comprise entre Lisbonne la capitale et l’Algarve la région touristique, pour qui les enjeux de développement sont considérables, fussent-ils associés à des politiques complexes et à des coûts techniques faramineux. L’histoire de la construction du barrage d’Alqueva remonte aux années 1920, quand les premiers ingénieurs viennent repérer le terrain, mesurer les débits et estimer le fond de la rivière, mais le projet n’est confirmé qu’en 1957, à l’occasion de la mise en place du Plan d’irrigation de l’Alentejo (Plano de Rega do Alentejo), et signé en 1968 par les deux dictateurs alors au pouvoir, Franco et Salazar, dans le cadre d’un accord bi-national entre l’Espagne et le Portugal. C’est alors pour une meilleure gestion et planification des eaux de la péninsule ibérique et au nom du principe de progrès et de développement qu’est décidée la construction d’un grand barrage en Alentejo, visant à équilibrer les ressources et à permettre l’irrigation des terres arides de cette région du Portugal. Le Plan d’irrigation de l’Alentejo avait pour objectif l’arrosage et la valorisation de 170 000 hectares de terres. Il envisageait pour la première fois l’utilisation des recours hydriques de la rivière Guadiana, à des fins multiples, pour l’irrigation et la production d’énergie, et prévoyait le développement d’un ensemble d’infrastructures hydrauliques dans les différents bassins de l’Alentejo, qui fonctionnerait en interrelation avec des transferts de bassins à bassins. L’accord avec l’Espagne concernait précisément, sur le tronçon international du Guadiana, la construction d’un grand plan d’eau de régularisation. 1. Voir Associação de defesa dos interesses de Monsaraz, (1999). « Alqueva, Centro do Mundo ? ». 2. Michel Drain (1996). « La péninsule ibérique », dans M. Drain (dir.), Les conflits pour l’eau en Europe méditerranéenne, Montpellier, Espace rural, no 36, p. 19-62. [3.141.193.158] Project MUSE (2024-04-25 02:03 GMT) Le transfert d’eau vers le Sado n’aura pas lieu 211© 2005 – Presses de l’Université du Québec Après des années de désaccord politique, de...

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