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© 2005 – Presses de l’Université du Québec CHAPITRE DAKAR UNE CAPITALE DÉPENDANT D’APPROVISIONNEMENTS LOINTAINS 4Luc Descroix et Michel Esteves Les projets de transferts concernant la ville de Dakar ont connu un sort variable au gré des contingences politiques. Depuis plusieurs années, la ville s’alimente principalement de l’eau des nappes phréatiques plus ou moins proches de la ville : 80 % de son alimentation en 1999 provenait des nappes comprises entre le lac de Guiers et le Cap Vert1. La consommation journalière de la ville tourne autour de 200 000 m3/jour, soit 2,3 m3/s pour 2 millions d’habitants (à comparer aux 64 m3/s consomm és par les 20 millions d’habitants de Mexico, soit 280 litres par jour et 1. CREC Enda Syspro (1999) : La situation de l’eau à Dakar : aspects normatifs et institutionnels , Document du Programme normes, institutions et pauvreté, Dakar, p. 15. © 2005 – Presses de l’Université du Québec 102 Les transferts massifs d’eau par habitant à Mexico contre 100 à Dakar). La disponibilité est récemment passée de 140 000 à 200 000 m3/jour grâce à la mise en service de nouveaux forages et pompages dans le lac de Guiers2. Mais depuis plus d’une décennie, le projet du canal du Cayor (du nom historique de la région qu’il traverse sur une grande partie de son trajet projeté) est un véritable serpent de mer hydrologique du pays3. Il s’agit en effet de réaliser un aqueduc important pouvant régler pour plusieurs décennies le problème de l’approvisionnement en eau de la capitale sénégalaise (figure 4.1). Ce projet prévoit une voie d’eau de 240 km : 157 km pour le canal principal destiné à l’alimentation en eau de Dakar, et 83 km pour le canal secondaire destiné uniquement à l’irrigation de secteurs situés dans l’immédiat arrière-pays du Cap-Vert. Il doit relier le lac de Guiers situé aux abords du fleuve Sénégal à la presqu’île du Cap Vert et permettre de faire transiter à terme un volume de près de 430 millions de m3/an soit un débit moyen de 18,4 m3/s (à comparer aux 14 m3/s du Sistema Cutzamala au Mexique, voir chapitre 3). D’après la Mission d’étude déléguée à cet effet, « il est important de signaler que les besoins en eau du projet Canal du Cayor, n’entrent pas en concurrence avec ceux destinés à l’irrigation dans la vallée, car il s’agira d’une ponction de l’ordre de 13 % sur le quota affecté au Sénégal pour la mise en valeur des 240 000 hectares le long de la rive gauche du fleuve4 ». Le canal du Cayor doit permettre l’alimentation de Dakar et sa banlieue pour les 40 prochaines années ainsi que la mise en valeur de 8 500 hectares de périmètres agricoles irrigués sur son parcours, entre Louga et Dakar. Or, aujourd’hui, ce projet qui constituait une priorité pour l’État a été reporté sine die5. La raison principale est une apparente incompréhension géopolitique. Les rapports et les relations diplomatiques entre le Sénégal et la Mauritanie sont globalement bons, mais ne sont pas exempts de « coups de chaleur » qui tiennent plus de la susceptibilité réciproque des gouvernements et des États que de problèmes réels. En effet, malgré la sécheresse 2. M. Gaye (2002). « Les aspects socioéconomiques de la gestion locale de l’eau en milieu urbain », communication au colloque sur la gestion locale de l’eau, Ottawa, 18-19 mars, p. 3. 3. Mission d’étude et d’aménagement du Canal du Cayor (1996). « Le projet du canal du Cayor », communication à la Conférence sur la stratégie nationale de gestion des ressources en eau, Dakar, 26-29 juin, p. 1-3 ; Ministère de l’Hydraulique du Sénégal (1996), Document introductif à la Conférence sur la stratégie nationale de gestion des ressources en eau, Dakar, 26-29 juin, p. 29 ; CREC Enda Syspro (1999). Op. cit., p. 15 ; M. Gaye (2002). Op. cit., p. 3. 4. MEACC (1996). Op. cit., p. 2. 5. Gaye (2002). Op. cit., p. 3. [18.221.98.71] Project MUSE (2024-04-23 06:32 GMT) Dakar 103© 2005 – Presses de l’Université du Québec qui touche...

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