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Nouvelles hypothèses en sexoanalyse Claude Crépault Ph. D., professeur honoraire au Département de sexologie Université du Québec à Montréal (UQAM) Président et fondateur de l’Institut international de sexoanalyse 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 CHAPITRE D ans les années 1970, la sexologie clinique était presque entièrement sous l’emprise des comportementalistes. À l’aide de techniques de rééducation sexuelle et de permissions thérapeutiques , on libérait les inhibitions superficielles et on améliorait la fonctionnalité génitale. Les stratégies thérapeutiques étaient fort simples: par exemple, en neutralisant l’anxiété de performance de l’homme impuissant, on rétablissait ses capacités érectiles; par la technique de«compression pénienne», on facilitait un meilleur contrôle éjaculatoire; par des dilatations vaginales, on permettait à la femme vaginique de s’ouvrir physiologiquement au coït; par une autorisation à l’autoérotisme, on permettait à des femmes anorgastiques d’accéder à la jouissance. Les premières applications cliniques de mes recherches sur l’imaginaire érotique, au début des années 1980, m’avaient aussi laissé croire à la pertinence d’une intervention de surface focalisée sur le réseau strictement conscient. Je croyais alors qu’il était possible de refaçonner l’imaginaire et le mode d’érotisation par de simples prescriptions ou par un travail de rééducation. Les comportementalistes m’avaient influencé et j’ai cru un moment aux métamorphoses magiques. Quelle illusion! Par la suite, j’ai constaté que les résultats cliniques si spectaculaires des interventions comportementalistes étaient, dans bien des cas, assez éphémères. Au mieux, on rendait possible une meilleure fonctionnalité NOUVELLES PERSPECTIVES EN SEXOANALYSE 12 génitale sans changer véritablement la dynamique sexuelle de l’individu. Cette approche reposait sur une conception réductionniste de la sexualité humaine. De là mon intérêt à explorer les couches plus profondes du psychisme et les conflits inconscients dont les troubles sexuels sont porteurs. Je trouvais plus instructif d’aller du côté des égarements de la mémoire, de la répression, du refoulement, bref, d’aller dans les voies secrètes du psychisme pour comprendre vraiment la sexualité humaine dans toute son étrangeté et sa complexité. Il me semblait de plus en plus évident que, pour éradiquer un trouble sexuel, on ne pouvait faire l’économie des forces inconscientes. Cette conviction m’a amené, au début des années 1980, à créer la sexoanalyse, un nouveau chapitre de la sexologie ayant comme objet d’étude l’inconscient sexuel. Depuis lors, plusieurs cliniciens se sont intéressés à ce nouveau champ d’études. Même si elle est encore bien jeune, la sexoanalyse a son histoire. Certaines hypothèses que j’ai formulées il y a une dizaine d’années doivent être révisées et nuanc ées. C’est ce que je tenterai de faire dans ce chapitre. LA DÉFINITION DE LA SEXOANALYSE Initialement, j’ai forgé le mot sexoanalyse pour désigner une nouvelle approche sexothérapeutique. La sexoanalyse se démarquait des autres sexothérapies par l’accent qu’elle mettait sur les significations inconscientes des troubles sexuels et le travail correctif sur l’imaginaire. L’objectif était d’amener le patient à comprendre la genèse de son trouble sexuel et les facteurs inconscients qui contribuent à son maintien pour ensuite faire une expérience corrective sur l’imaginaire et le réel afin de rétablir la fonctionnalité sexuelle et de permettre l’acquisition d’une meilleure maturité et santé sexuelles. Par la suite, la sexoanalyse s’est appuyée sur ses propres référentiels ontogéniques en suggérant des hypothèses originales en ce qui concerne le développement de la genralité et ses liens avec la fonction érotique. La sexoanalyse est devenue à la fois une thérapeutique et une «théorie» du développement psychosexuel (Crépault, 1986, 1997; Crépault et Côté, 1999; Crépault et Lévesque, 2001). Actuellement, je dirais que la sexoanalyse est avant tout l’étude de l’inconscient sexuel et de ses manifestations. [3.15.219.217] Project MUSE (2024-04-23 22:53 GMT) NOUVELLES HYPOTHÈSES EN SEXOANALYSE 13 LE SEXUEL EN SEXOANALYSE Dans les écrits sexologiques, le sexuel est habituellement associé à la sexualité et à la fonction génitale. La pensée psychanalytique freudienne a donné une plus grande place à la notion de sexualité en l’assimilant...

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