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© 2005 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél.: (418) 657-4399 – www.puq.ca Tiré de: La ville autrement, Sous la direction de Pierre Delorme, ISBN 2-7605-1342-4 • D1342N Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés CHAPITRE UNE OASIS DE PLAISIRS EN AMÉRIQUE DU NORD MONTRÉAL ET L’INDUSTRIE DU DIVERTISSEMENT DES ANNÉES 1920-19501 13 Anouk Bélanger Département de sociologie et d’anthr opologie Université Concordia Lisa Sumner Département de communication et d’histoire de l’art Université McGill Alors qu’au cours des années 1920 les États-Unis et l’ensemble du Canada étaient en quelque sorte forcés à la sobriété, Montréal se démarquait comme ville où l’on peut et où l’on sait boire et s’amuser. En effet, pendant plusieurs décennies, les endroits pour boire et danser étaient emblématiques de la cité montréalaise. Celle-ci constituait une véritable oasis pour les visiteurs qui venaient y prendre du bon temps et se libérer un peu du poids des mœurs puritaines, qui forcément restreignaient au maximum la consommation d’alcool.1 Revenir sur cette époque mémorable des spectacles à grand déploiement , de musiciens et danseuses de grand talent, de ces somptueux nightclubs et de ces éclectiques numéros de cabarets, c’est en quelque sorte évoquer le souvenir de ce que Lam et Paquin (1998) désignaient en ces 1. Les auteures remercient M.E. Grenier, E.M. Bloomfield et B. Georgette. © 2005 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél.: (418) 657-4399 – www.puq.ca Tiré de: La ville autrement, Sous la direction de Pierre Delorme, ISBN 2-7605-1342-4 • D1342N Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés 260 La ville autrement termes : « the greats, the near greats and the now forgotten ». Le souvenir d’une époque de grande légèreté et d’un style qui perdure toujours. L’alcool est sans aucun doute à l’origine même de la grande popularité dont jouissait Montréal à cette époque en tant que ville ouverte, ville de plaisirs et de divertissements, aussi bien licites qu’illicites. L’alcool constituait une source de revenus indispensable à la survie des night clubs. Cependant, il n’était pas le seul et unique catalyseur de toute cette prospérité ; une partie du mérite revient à des mouvements culturels en pleine effervescence, comme le burlesque, le cabaret, et à d’autres issus des communautés afroam éricaines, tels le be-bop et les chorus lines. Cette atmosphère de fête et de prospérité allait toutefois perdre de son éclat et de sa vigueur, sous l’ère interrogative et le climat politique austère des années 1950, qui verront l’ascension de Jean Drapeau sur la scène politique municipale. La relecture d’ouvrages historiques, de romans et de documents d’archives nous permet ici de mettre l’accent sur l’importance et la particularit é de cette période de prohibition où la résistance culturelle de Montréal créera une diversité et des traditions qui perdureront. Nous nous intéressons en particulier dans ce chapitre à la contribution et à la forte influence des communautés afro-américaines de la ville dans ce contexte d’effervescence culturelle. UNE ÎLE D’ABONDANCE DANS UNE MER DE PRIVATION Alors que la prohibition sévissait sur l’ensemble de l’Amérique du Nord, la ville de Montréal était devenue un attrait touristique « laxiste » pour les visiteurs qui voulaient s’amuser, boire et assister à toutes sortes de spectacles. Comme le notent Lam et Paquin (1998) : « The old world charm of French Canada provided for a society which was conservative and Catholic but not anti-liquor ». En effet, en 1921 le gouvernement du Québec, à l’opposé du courant continental, opte pour une solution originale et avant-gardiste : l’institution de la Commission des liqueurs. Le mandat de cette commission, qui se veut une « expérience sociale », est de« favoriser la consommation modérée de boissons alcooliques de qualité dûment vérifiée, vendues à un prix raisonnable et dans un cadre d’opération contrôlé2 ». Montréal pouvait donc rendre légalement accessible un éventail...

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