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C H A P I T R E Le CFER vu de la Tour d’ivoire Au cours de ce chapitre, nous essaierons de dégager les principales caractéristiques de la pédagogie particulière des CFER. Nous verrons qu’il s’agit d’une pédagogie paradoxale. Elle est autoritaire, mais n’opprime pas ; elle est traditionnelle, mais aussi progressiste ; elle est réaliste, mais ne démotive pas l’élève. Elle est enfin émancipatrice, subversive et affranchie. 1. Quelle pédagogie pour les CFER ? Pour mémoire, rappelons que le très laconique et très permissif mandat de recherche que la direction du Réseau québécois des CFER m’a confié, était de « dégager le modèle pédagogique de base des CFER ». Dès mes premiers contacts avec les CFER, il m’est apparu 5 156 Pédagogie des poqués clairement que la pédagogie comme telle constituait une des dimensions , pour ne pas dire la dimension principale, de ce que nous avions préalablement convenu d’appeler le modèle pédagogique de base. C’est pourquoi je propose que nous nous arrêtions maintenant à essayer de caractériser cette pédagogie dans ce qu’elle a d’essentiel et de dégager l’ensemble des traits qui la rapprochent et de ceux qui la distinguent des pédagogies contemporaines de même filiation. Une précision méthodologique s’impose. L’analyse que je propose des principales caractéristiques de la pédagogie des CFER repose sur une base beaucoup plus large que les seuls propos des fondateurs du mouvement tels qu’on peut les lire dans l’abondante documentation pédagogique et dans les entrevues qu’ils m’ont accordées. C’est bien connu, en cette matière comme en bien d’autres, une chose est l’intention, une autre chose est l’action. Il faut éviter de confondre les prétentions de la paternité et ses réalités. Au demeurant, la direction du Réseau n’a jamais hésité à faire sien mon postulat de recherche. Bien au contraire, elle a accepté de jouer avec efficacité et discrétion le rôle qui lui revenait dans mon devis de recherche, sans plus. Comme on n’est jamais bon juge de sa propre cause, je n’ai retenu de ce que les dirigeants du Réseau m’ont présenté comme étant, à leur avis, caractéristiques de la pédagogie des CFER, que ce qui était corroboré par les observations que j’avais faites en classe et en entreprise ainsi que par les données du questionnaire et des entrevues avec les élèves, les enseignants et les directions des CFER visit és. En ce sens, les données qui fondent mon analyse ont subi une double validation : d’une part, celle des auteurs et créateurs de ce projet pédagogique ; d’autre part, celle de ceux qui en assurent la mise en œuvre, les enseignants, et surtout de ceux qui ont à la vivre et à en tirer les bénéfices, les élèves. Nous verrons d’abord ce qu’est cette pédagogie de façon générale , c’est-à-dire ce qui pourrait en constituer la caractéristique centrale quand elle est envisagée sous l’angle du rapport entre les objectifs et des moyens de formation propres au CFER. Si l’expression n’avait pas si mauvaise réputation de superficialité, je serais tenté de dire de ce premier angle d’approche que c’est celui du « premier coup d’œil ». Pour faire plus sérieux et être compris de mes chers coll ègues, je dirai que, dans un premier temps, nous essaierons de caract ériser la pédagogie des CFER dans une perspective gestaltiste, soit celle d’une théorie qui considère les phénomènes comme des [18.117.183.150] Project MUSE (2024-04-24 08:07 GMT) Le CFER vu de la Tour d’ivoire 157 ensembles indissociables structurés. Puis nous décrirons cet ensemble de façon plus analytique, dans ses parties constituantes essentielles telles qu’elles sont vécues au jour le jour. Nous aurons ainsi une caract éristique générale de la pédagogie céférienne, puis des caractéristiques particulières. 2. De façon générale, une pédagogie paradoxale Ce qui frappe le plus l’observateur un tant soit peu familier avec ce qui se...

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