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Vie, intelligence et symbiose artificielles ÉTATS-UNIS Ken RINALDO L’Humanité vient d’entrer dans ce qui est probablement la plus grande transformation qu’elle ait jamais connue […] Il se passe quelque chose dans la structure de la conscience humaine. C’est une autre forme de vie qui commence. ~ Pierre Teilhard de Chardin Il y a dix-huit ans, mes recherches sur les systèmes vivants et la notion selon laquelle il peut être immensément satisfaisant de jouer avec un animal familier ou un simple insecte m’ont orienté vers la création d’objets sculpturaux et d’installations qui semblent vivantes. Comme nous existons dans un espace physique et que nous ne remettons pas en question le fait d’«être en vie», il m’a semblé logique que, pour que mes œuvres donnent l’impression d’«être en vie», il fallait qu’elles existent dans un espace physique. Cette progression de mon art est passée par le développement d’interfaces uniques entre les humains et d’autres espèces ainsi que par le développement d’approches de techniques de programmation en vie artificielle. Ces recherches m’ont également confirmé que des expériences corporelles et axées sur le corps peuvent constituer des points d’entrée tout à fait Ken Rinaldo est artiste et théoricien. Par son travail se situant à l’intersection de l’art et de la biologie, il crée des productions de robotique interactive, d’art biologique, de vie artificielle, de communication entre les espèces, de prototype rapide et d’images numériques. Son travail a été exposé au niveau national et international, il est récipiendaire de plusieurs prix dont une distinction à Ars Electronica en 2004 et le premier prix à Avida 3. 0. Rinaldo enseigne la sculpture robotique interactive et multimédia au programme d’Art and Technology à l’Ohio State University de Columbus. 286 Art et biotechnologies attrayants sur des agents et des espaces interactifs basés sur les logiciels et matériels, et qu’elles peuvent offrir des milieux complexes et amicaux à des créatures vivantes. En 1988, j’ai commencé à travailler à des sculptures réactives et auditivement complexes, les Cybersqueeks (1988-1992), qui répondent au toucher de la main par des roucoulements et des clignotements de fibre optique lumineuse. Ce sont en fait des automates cellulaires que des règles simples actionnent dans la création de comportements collectifs chaotiques. Les sons d’une œuvre déclenchent et modifient les sons d’autres Cybersqueeks, puisque les systèmes de son analogiques qui actionnent ces œuvres sont aussi sensibles à la lumière. Quand le Cybersqueek doté d’une lumière fluorescente est activé par le son d’un autre Cybersqueek, il modifie l’environnement lumineux, ce qui influe alors sur tous les autres Cybersqueeks et modifie leurs émissions sonores. Les Cybersqueeks m’ont aidé à établir que les «attributions d’intelligence» des humains jouent un rôle essentiel dans la création de l’impression d’«être vivant» que des jouets comme Furby et AIBO exploitent depuis quelque temps. Ces œuvres m’ont permis d’explorer la matérialité et le fonctionnement de nos relations et associations avec les matières de manière à pousser les mains à toucher, tout en créant des associations mentales également capables de transcender l’apprentissage culturel. L’utilisation de la fourrure, de sons soutenus et d’une échelle adéquate joue un rôle central dans la création d’un désir de soigner ces créatures artificielles. Je me suis demandé pourquoi la plupart de ces œuvres se vendaient à des femmes. Peut-être que l’échelle (la taille approximative d’un fœtus), le biomorphisme et la voix pleurante de ces objets ont déclenché des désirs primordiaux inconnus. Mon œuvre suivante, Delicate Balance (1989), explore la dissolution des environnements naturels et la disparition des animaux. Après des recherches sur la vue des poissons et l’aptitude des animaux à cartographier mentalement leur milieu, j’ai créé une interface sur mesure qui permettait à un combattant du Siam (Betta splendons) de déplacer son bocal de verre le long d’un fil d’acier tendu à l’aide de capteurs fabriqués sur mesure. Lorsque le poisson choisit de déplacer son bocal vers une extrémité du fil, il nage vers un des côtés du bocal. Quand il arrive à un bout du fil d’acier, sous une tour faite...

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