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Dmitry Bulatov est artiste, chercheur et, depuis 1998, commissaire de la section de Kaliningrad du Centre national de l’art contemporain en Russie. Récipiendaire de plusieurs prix professionnels, ses œuvres artistiques ont été exposées dans plus de 100 expositions et il a participé à plusieurs colloques internationaux. Auteur de plusieurs articles, livres et anthologies, ses recherches sont basées sur différents aspects de l’art médiatique interdisciplinaire (visuel, lingua-acoustique, art-science, bioart). Son dernier ouvrage est BioMediale Contemporary Society and Genomic Culture (Kaliningrad, 2004) .. Ars Chimaera Aspects et problèmes structurels RUSSIE Dmitry BULATOV L ’Étranger indigène Si on en juge d’après les divers courants artistiques révolutionnaires du XXe siècle (du futurisme et du dadaïsme aux nombreuses composantes du réseau artistique international des dernières décennies) qui se concentraient sur l’étude des «frontières de la culture qui nourrissent leur propre éclatement», nous savons que la culture, pour émerger sous un nouvel éclairage, doit toujours produire quelque chose qui lui soit proprement étranger, en plus de quelque chose qui lui soit propre. En outre, elle doit générer un niveau de tension nécessaire et assez élevé dans ses relations avec sa nouvelle créature . La culture est prête à mettre en œuvre à la fois ce qui lui est proprement étranger et ce qui lui est propre à partir de presque n’importe quel matériau disponible. Ce matériau est une séquence de ces éléments, ou alors il comprend diverses manipulations d’une telle séquence. La conscience mythologique est le principal mécanisme de génération de l’étrange comme préalable à sa propre prise de conscience. C’est là, la conscience collective de la société. Les éléments essentiels ou, du moins, principaux de l’assimilation de «l’inconnu» sont les diverses stratégies indirectes de production du proprement étranger (par exemple, les réflexions 82 Art et biotechnologies qu’inspire le courant récurrent de la déconstruction matérielle et technique). Par le biais de ces stratégies, la conscience mythologique prend soin de préserver les frontières comme une zone de sûreté entre soi et l’étranger. Garde fidèle du monde culturel, constituante du système immunitaire de l’organisme culturel et pièce mobile de la conscience mythologique, l’art contemporain, avec sa sensibilité exacerbée à tout ce qui est étranger joue un rôle extrêmement important dans la préservation de ces frontières. Jusqu’ici, la destinée culturelle et les auras sensorielles des technologies du génie biologique et génétique étaient entièrement déterminées par le fait qu’on les trouve encore choquantes sur le plan culturel. Elles ne sont pas entièrement acceptées par la culture, elles ne sont pas encore devenues assez naturelles pour passer inaperçues; on les perçoit donc comme des corps étrangers. Aujourd’hui, en pleine période intense, nerveuse et inégale d’assimilation , ces technologies occupent une position instable entre, d’une part, un désordre chaotique et informe et d’incessantes tentatives de le stabiliser et, d’autre part, la réglementation et la systématisation; bien qu’elles s’efforcent de maintenir leur équilibre, elles tombent inévitablement dans l’une de ces deux catégories. Aujourd’hui, elles ont presque toutes leur place dans la niche de l’étranger, et on leur attribue par la suite diverses répercussions qui vont de la panacée qui sauvera l’humanité à la provocation d’une catastrophe mondiale et de l’arrivée du jugement dernier. La culture, qui impose des limites, celles-là mêmes qu’elle se permet heureusement de dépasser, doit maîtriser le phénom ène des biotechnologies et du génie génétique, ce dernier étant sans doute l’un des jalons les plus importants de notre époque et le signe d’une étape essentielle de la formulation de l’idée générale de «frontières». Il émerge donc dans l’art contemporain, comme une variante du proprement étranger qu’il s’agit d’adapter, de nouvelles tendances qui mettent en application des technologies estimatives des risques tout en créant des images biotemporelles de la réalité. L ’idée chimérique La découverte sensationnelle de la structure moléculaire de l’ADN faite en 1953 par le physicien Frances Crick et le biochimiste James...

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