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La responsabilité et la performance sociale d’entreprise Luc Audebrand, David Rolland et Diane-Gabrielle Tremblay Dans le présent texte, nous ferons une revue de certains auteurs qui ont traité des concepts de performance sociale d’entreprise et de responsabilité sociale afin de tenter de baliser le terrain dont il sera question dans cet ouvrage. Soulignons d’abord que pour plusieurs, Bowen (1953) est le premier à remettre en question l’exclusivité de la mission économique des entreprises. Celuici part du constat que les entreprises sont des centres vitaux de décision et de pouvoir. Leurs actions touchent la vie des citoyens dans de nombreux domaines. Il en conclut que les entreprises sont responsables de leurs actions dans une sphère plus large que la simple sphère économique. Ces entreprises auraient intérêt à tenir compte de différentes pressions sociales, mais au-delà de cet aspect stratégique, Bowen défend l’idée que les entreprises auraient de véritables obligations, y compris morales, envers différentes parties prenantes autres que les actionnaires et au-delà des prescriptions légales ou contractuelles (Grand et Grill, 2003, p. 10). Pour Bowen, l’entreprise doit agir comme un agent moral dans la société. Les organisations ont la possibilité d’utiliser des règles morales dans leur processus de décision. Mais à la base du concept de responsabilité sociale des entreprises, il émet l’hypothèse, reprise par Angelidis et Ibrahim (1993), que l’entreprise existe pour combler les besoins de la société. Les actions et les méthodes de fonctionnement des organisations doivent suivre celles que souhaite la société. Selon cette hypothèse, une entreprise est une institution sociale qui émane de la société au même titre qu’un gouvernement, qu’une organisation non gouvernementale (ONG) et qu’une congrégation religieuse. La société accorde un certain pouvoir à cette institution afin qu’elle puisse manœuvrer. En retour, l’entreprise a des obligations. De ce fait, la conduite d’une organisation doit se conformer aux valeurs et aux objectifs de la société (Wartick et Cochran, 1985). Ainsi, c’est à l’aune des valeurs et des objectifs d’une société donnée qu’il est possible de mesurer la performance d’une entreprise. 10 Responsabilité sociale d’entreprise TABLEAU 1 Dimensions de la responsabilité sociale des entreprises, selon Enderle et Tavis, 1998 Dimension économique Dimension sociale Dimension environnementale • Maximiser les profits (court terme et long terme). • Accroître la productivité. • Accroître la prospérité des investisseurs. • Respecter les fournisseurs. • Faire preuve de concurrence loyale envers les autres entreprises. • Préserver et créer des emplois. • Offrir des salaires intéressants. • Servir les clients. • Respecter l’esprit et la lettre des lois et des règlements de la société dans laquelle l’entreprise évolue. • Respecter les coutumes et l’héritage culturel de la société dans laquelle l’entreprise s’insère. • S’engager de façon sélective dans la vie politique et sociale (philanthropie, éducation, etc.). • S’engager dans la voie du développement durable (en diminuant la consommation des ressources naturelles et en diminuant la pollution). ( 3 ) ( 2 ) ( 1 ) Responsabilités de l’entreprise Responsabilités économiques Responsabilités sociales Responsabilités environnementales Les trois niveaux du défi éthique: (1) conduites respectant les critères éthiques minimums; (2) conduites éthiques au-delà du minimum requis; (3) conduites aspirant à un idéal éthique supérieur. FIGURE 1 Niveaux de responsabilité éthique de l’entreprise, selon Enderle et Tavis, 1998 [3.129.23.30] Project MUSE (2024-04-24 15:46 GMT) La responsabilité et la performance sociale d’entreprise 11 Selon Enderle et Tavis (1998), une organisation est un acteur moral auquel incombent des responsabilités économiques, sociales et environnementales. Ces auteurs définissent trois niveaux (figure 1) d’engagement éthique des entreprises où « les politiques et les pratiques sociales de l’entreprise dépassent les obligations légales pour le bénéfice de la société en général ». Ils déterminent quatre dimensions pour lesquelles il existe des responsabilit és organisationnelles: économique, politique, socioculturelle et environnementale . Chacune de ces dimensions ne possède qu’une autonomie relative par rapport aux autres. Dans le tableau 1, ils combinent les dimensions socioculturelles et politiques pour former le concept de « responsabilité sociale ». Les concepts de performance et de responsabilité sociale sont à cheval entre logique économique et philosophie morale. Nous présenterons ici quelques modèles visant...

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