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C H A P I T R E Le rôle de l’anxiété dans la métacognition Une réflexion vers des actions1 Louise Lafortune Université du Québec à Trois-Rivières et CIRADE louise_lafortune@uqtr.ca Francisco Pons Université d’Aalborg, Danemark pons@hum.aau.dk 7 1. Remerciements : La rédaction de ce texte a été rendue possible en partie grâce à une subvention du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada et à un subside du Fonds national suisse de la recherche scientifique (subside n° 8210-056618/2). [3.145.23.123] Project MUSE (2024-04-18 16:06 GMT) Le rôle de l’anxiété dans la métacognition : une réflexion vers des actions 147 De nombreux échecs et abandons sont remarqués en mathématiques. Même adultes, plusieurs personnes se souviennent de situations d’apprentissage qui les ont marquées dans l’apprentissage de cette discipline (Lafortune, 1990, 1992a-b ; Tobias, 1978, 1987). Des expériences antérieures difficiles et négatives influencent la façon dont les élèves abordent les mathématiques et tentent de résoudre des probl èmes. Certaines personnes sont convaincues qu’elles ne peuvent pas réussir dans cette discipline, tandis que d’autres veulent éviter toute situation où ils seraient confrontés à des problèmes à teneur mathématique. Ces expériences peuvent mener à une aversion de la discipline (Lafortune, 1992a-b ; Martinez et Martinez, 1996 ; Tobias, 1978, 1987 ; Zaslavsky, 1994). Plusieurs élèves abandonnent rapidement la recherche d’une solution et ne peuvent pas accorder toute l’attention nécessaire à la recherche de solutions mathématiques (Lafortune, 1995). Les réactions affectives négatives que les élèves ont à l’égard des mathématiques interfèrent sur leurs connaissances métacognitives et sur la gestion de leurs processus mentaux ; cela nuit à l’utilisation de leurs connaissances mathématiques et à leur apprentissage de cette discipline (Lafortune et St-Pierre, 1994a-b). Tenant compte de cette situation, nous désirons approfondir l’influence de l’affectivité, et plus particulièrement de l’anxiété, sur les démarches métacognitives des élèves en situation de résolution de problèmes mathématiques. L’anxiété, comme composante de la dimension affective, a été peu étudiée dans ses rapports avec la métacognition en mathématiques ; cependant, nous considérons qu’elle mérite une attention particulière, car elle a inspiré plusieurs recherches portant sur l’apprentissage des mathématiques depuis le début des années 1970 (Lafortune, 1992a-b ; Lafortune, Mongeau, Daniel et Pallascio, 2000 ; Martinez et Martinez, 1996 ; Tobias, 1978, 1987, 1990 ; Zaslavsky, 1994) et semble un facteur influençant le plaisir à faire des mathématiques. On peut réussir en mathématiques tout en ressentant de l’anxiété, mais le plaisir d’apprendre les mathématiques peut être affecté (MEQ, 2001). Sans plaisir, plusieurs jeunes sont tentés de s’orienter dans des domaines qui leur permettent d’éviter le cauchemar des mathématiques. Dans ce texte, nous nous penchons plus particulièrement sur l’anxiété à l’égard des mathématiques et l’influence qu’elle exerce sur les processus mentaux des élèves. Nous présentons le contexte lié à l’anxiété à l’égard des mathématiques en abordant les aspects relatifs 148 Les émotions à l’école à l’enseignement et à l’apprentissage. Nous définissons ensuite ce que nous entendons par anxiété à l’égard des mathématiques. Nous explicitons brièvement ce qu’est la métacognition pour ensuite faire des liens entre la métacognition et l’affectivité et plus particulièrement l’anxiété. Nous terminons en proposant des réflexions et des actions qui découlent des expériences réalisées à ce jour pour diminuer l’impact négatif de l’anxiété sur le développement d’habiletés métacognitives en mathématiques. 1. Contexte de l’anxiété à l’égard des mathématiques Depuis le début des années 1970, chercheurs et pédagogues s’intéressent aux difficultés des élèves en mathématiques liées à la dimension affective. Parmi les composantes de cette dimension, c’est surtout l’anxiété qui a d’abord attiré l’attention. Depuis, plusieurs auteurs se sont intéressés à ce sujet (Hatchuel, 2000 ; Lafortune, 1992b ; Lafortune, Mongeau, Daniel et Pallascio, 2000 ; Martinez et Martinez, 1996 ; Tobias, 1978, 1987, 1990 ; Zaslavsky, 1994). Les mathématiques deviennent un cauchemar pour...

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