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INTRODUCTION Une pensée réflexive pour l’éducation Richard Pallascio Université du Québec à Montréal et CIRADE pallascio.richard@uqam.ca Marie-France Daniel Université de Montréal et CIRADE marie-france.daniel@umontreal.ca Louise Lafortune Université du Québec à Trois-Rivières et CIRADE louise_lafortune@uqtr.ca 2 Pensée et réflexivité [3.141.41.187] Project MUSE (2024-04-24 12:43 GMT) Introduction 3 Les pratiques pédagogiques ont encore tendance à s’appuyer sur des modèles de la cognition postulant que les connaissances sont transmissibles. Même si plusieurs chercheures et chercheurs (Pépin, 1994 ; Désautels et Larochelle, 2004), dont nous-mêmes, préconisent des orientations didactiques plus arrimées à des modèles d’inspiration socioconstructiviste selon lesquels l’appropriation des savoirs par des élèves en contexte scolaire constitue un processus de reconstruction des connaissances faisant intervenir des compétences cognitives de niveau supérieur, les résistances à l’égard de ces orientations demeurent nombreuses. En fait, dans le champ de l’éducation , ce que l’on entend par le développement d’une forme de pensée réflexive n’est pas clair, même pour ceux et celles qui estiment que l’apprentissage est un phénomène essentiellement social qui ne peut être appréhend é que si l’on s’intéresse à la coconstruction des savoirs dans le cadre de communautés de pratiques. Le concept de pensée réflexive n’est pas récent. Dewey, dans son ouvrage How We Think (1933), utilisait l’expression « pensée réflexive », en opposition à la pensée spontanée, voulant désigner par là « une manière de penser consciente de ses causes et de ses conséquences ». Connaître l’origine de ses idées – les raisons pour lesquelles on pense d’une certaine manière – libère l’individu d’une rigidité intellectuelle ; pouvoir choisir entre plusieurs possibilités et agir sur elles est source de liberté intellectuelle. Connaître les conséquences d’idées, c’est connaître leur sens puisque, comme Dewey (1933), pragmatiste et disciple de Peirce, en était convaincu, ce sens réside dans leurs applications pratiques, dans l’effet qu’elles ont sur le comportement individuel et sur le monde. Pour plusieurs tenants du développement d’instruments nécessaires à la mise en œuvre d’une pensée critique chez l’apprenant, c’est l’accent mis par Dewey sur la pensée réflexive qui a pavé la voie aux travaux ultérieurs sur le sujet au cours des cinquante dernières années (notamment, ceux de Lipman, 1995, p. 135). Dans Démocratie et éducation (1990/1916), Dewey emploie l’expression«expérience réflexive», mettant en lumière les étapes d’un processus réflexif entièrement situé dans l’expérience même de la personne. Lipman et son équipe soutiennent que les jeunes peuvent développer leurs habiletés de pensée supérieures (high-order thinking) dès leur plus jeune âge, dans la mesure où l’école crée les conditions nécessaires pour favoriser un dialogue de type argumentatif entre les élèves (Lipman, 1995; Lipman, Sharp et Oscayan, 1980 ; Slade, 1996). La spécificité de l’approche développ ée par cette équipe, la Philosophie pour enfants, est la nature réflexive du dialogue (Gazzard, 1988), qui s’élabore en communautés de recherche entre pairs. Elle vise à engager l’élève dans un processus coopératif qui favorise le développement d’une pensée réflexive. Or, c’est en étudiant l’approche de Philosophie pour enfants et en développant une adaptation de cette 4 Pensée et réflexivité approche au contexte de l’éducation mathématique (Daniel, Lafortune, Pallascio et Sykes, 1996) que nous avons été amenés à vouloir comprendre les composantes d’une pensée réflexive liées aux processus d’apprentissage et à approfondir les liens entre ses composantes. Dans le cadre du Programme de formation de l’école québécoise (Ministère de l’Éducation du Québec, 2001), des compétences transversales aux différents programmes d’études font leur apparition, parmi lesquelles nous retrouvons « Exercer son jugement critique », « Mettre en œuvre sa pensée créatrice », « Se donner des méthodes de travail efficaces » et « Communiquer de façon appropriée », recoupant diverses composantes d’une pensée réflexive. Le développement d’une pensée réflexive...

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