In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

C H A P I T R E 5La formation à un esprit constructiviste chez les enseignants Domenico Masciotra Université du Québec à Montréal et CIRADE masciotra.domenico@uqam.ca [18.217.208.72] Project MUSE (2024-04-23 07:50 GMT) La formation à un esprit constructiviste chez les enseignants 121 Connaître le constructivisme n’est pas forcément être constructiviste, pas plus que connaître l’empirisme, le rationalisme ou le béhaviorisme ne signifie qu’on sera empiriste, rationaliste ou béhavioriste. Être constructiviste, c’est être habité par l’esprit d’un constructivisme. La formation d’un « enseignant constructiviste » ne peut donc pas se satisfaire de l’apprentissage des théories constructivistes de la connaissance , de l’apprentissage, du développement et de la pédagogie. Une question se pose alors en ce qui concerne la formation des enseignants : faut-il leur enseigner une théorie à propos du constructivisme ou leur permettre de se construire eux-mêmes en constructivistes ? Probablement les deux, mais l’accent doit être mis sur l’être en devenir dans l’action. Comme le postulent Roth, Masciotra et Boyd (1999), c’est en situation d’enseignement, en classe, qu’on devient enseignant. Autrement dit, c’est dans les interactions avec l’élève ou le groupe d’élèves que peut se développer un enseignant habité par l’esprit constructiviste. Toutefois, on ne devient pas constructiviste par le simple fait d’être en classe ; des activités favorables à ce développement sont nécessaires. Le dialogue avec l’élève dans le cadre d’une situation d’apprentissage peut s’avérer une activité propice au développement d’une vision constructiviste de l’enseignement. Ce dialogue peut prendre diverses formes, dont celle qui s’inspire de la méthode privilégiée par Piaget dans ses études psychogénétiques : la méthode d’exploration critique. L’utilisation de cette méthode est susceptible d’aider le futur enseignant ou l’enseignant à se donner une meilleure « compréhension en acte » et en situation du constructivisme ; ainsi il s’imprègne progressivement de l’esprit constructiviste. Dans cette perspective, une formation « à et par » la méthode d’exploration critique peut être envisagée dans le cadre d’une éducation qui a pour fin de développer l’esprit constructiviste chez le futur enseignant. Les principaux objectifs de cette formation sont de : 1) développer l’art de la conversation avec l’enfant et de tout ce que cela implique en matière de psychologie et d’épistémologie pour comprendre et maîtriser les situations éducatives ; 2) reconceptualiser diverses notions dans le cadre du constructivisme comme : enfant, réponse, erreur ; 3) s’initier à l’utilisation des conflits cognitifs et sociocognitifs pour faire progresser l’enfant dans ses constructions ; 122 Constructivisme – Choix contemporains 4) développer une pensée constructiviste en utilisant les vecteurs de développement en tant qu’outils pédagogiques pour planifier , réaliser et évaluer l’enseignement ainsi que les constructions de l’enfant. 1. Problématique Nos écoles et nos universités forment les individus, notamment les futurs enseignants pour ce qui concerne notre propos, dans le cadre général d’une épistémologie empiriste et rationaliste (Kamii et DeVries, 1981). Dans de tels cadres épistémologiques, la mise en œuvre d’approches constructivistes dans les milieux scolaires et universitaires n’est guère aisée. Comment alors former les futurs enseignants dans le cadre d’une théorie du connaître (von Glasersfeld, dans ce livre, chapitre 16) d’orientation constructiviste ? Et quel sens a cette orientation constructiviste ? D’abord quelques éléments de réponse à la dernière question. Le constructivisme n’est pas un ; il est multiple. Le sens qu’on lui attribue tourne autour des idées suivantes qui ne sont pas exhaustives : • La connaissance est une construction. C’est sans doute l’idée la mieux partagée par les constructivistes et même par les cognitivistes . Les points qui vont suivre ne font pas toujours l’objet d’un consensus semblable. • La connaissance est génétique : elle se développe tout au long de divers processus de structuration, de différenciation, d’intégration , etc. Dire qu’elle se développe signifie donc qu’elle ne s’apprend pas, en tout cas pas comme si le sujet apprenait quelque chose qui lui est d’abord extérieur, puis intérieur. • La connaissance ne fait pas qu’émerger au...

Share