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C H A P I T R E 8 Les représentations de futurs enseignants et enseignantes de sciences à propos des scientifiques et de leurs tâches Louise Guilbert Université Laval louise.guilbert@fse.ulaval.ca Donatille Mujawamariya Université d’Ottawa dmujawar@uottawa.ca 200 Conceptions, croyances et représentations en maths, sciences et technos RÉSUMÉ Dans ce chapitre, les auteures abordent la problématique des représentations de futurs enseignants et enseignantes de sciences à propos des scientifiques et de leurs tâches. Leur motivation repose sur l’hypothèse selon laquelle les enseignants et enseignantes de la science transmettent à leurs élèves les images qu’eux-mêmes entretiennent au sujet des sciences et des scientifiques . Les auteures ont donc tenté de reconstruire, à travers des entretiens de groupe et un questionnaire ouvert, les représentations d’enseignants et d’enseignantes de sciences en formation dans trois établissements universitaires francophones au Canada. Il ressort des données recueillies que, d’une part, la précision , la persévérance, la curiosité et la créativité sont parmi les principales caractéristiques positives d’un ou d’une scientifique et que, d’autre part, il s’agit d’une personne non conformiste, solitaire, égoïste, etc. La plupart des futurs enseignants et enseignantes qui ont pris part à cette étude entretiennent encore l’image d’un vieil homme à lunettes épaisses, laid, chauve ou avec une touffe de cheveux, vêtu d’un sarrau sale et tenant une calculatrice à la main. Son environnement de travail : beaucoup de livres, des béchers enfumés et un tableau couvert d’équations. Dans ce chapitre, les auteures proposent des stratégies susceptibles d’aider les futurs enseignants et enseignantes à actualiser leur image du ou de la scientifique vue comme une personne ordinaire et, par ricochet, celle que se feront leurs élèves. [52.14.221.113] Project MUSE (2024-04-16 07:03 GMT) Les représentations de futurs enseignants et enseignantes… 201 Pourquoi devrait-on se préoccuper de l’image que se font les futurs enseignants et enseignantes des scientifiques et de leurs tâches dans le cadre de leur travail? Selon nous, il est important de démystifier les scientifiques tant en ce qui concerne leurs caractéristiques (si, bien sûr, elles sont différentes de celles de l’ensemble de la population) et les tâches qu’ils effectuent dans le cadre de leur travail. Les enseignants et enseignantes auraient, par leurs dires, leurs exemples, leur façon de parler de la science, une influence sur leurs élèves dans leur représentation en construction des sciences et des scientifiques (Fouad et Smith, 1996 ; Kahle, Parker, Rennie et Riley, 1993 ; Mason, Butler Kahle et Gardner, 1991 ; McDuffie, 2001 ; National Research Council, 1996 ; Rosenthal, 1993 ; Spector, Burkett et Duke, 2001 ; TakenagaTaga , 2002). Selon l’étude de She (1998), il semble y avoir un lien entre le choix de carrière et l’image des sciences et des scientifiques qu’ont les élèves. De plus, selon Jinwoong et Kwang-Suk (1999), il est alarmant de constater que l’écart entre l’image que les élèves se font d’eux-mêmes et celle d’un ou d’une scientifique s’amplifie avec l’âge. Ces auteures concluent que le fait d’enseigner les sciences en ne tablant que sur ses aspects cognitifs et en négligeant les aspects affectifs et éthiques peut décourager les élèves, en particulier les filles pour qui les aspects comme la sollicitude, l’humain et la responsabilité sociale semblent importants. Les dires et les gestes des enseignants et enseignantes semblent donc jouer un rôle important, sinon un rôle clé, dans cette image en devenir, et ce, au moins sur deux aspects. Le premier aspect concerne les élèves dans les classes de sciences d’aujourd’hui qui sont les décideurs de demain ; certains d’entre eux sont sans doute de futurs concepteurs-développeurs de technosciences. La démystification de la science et des scientifiques pourrait donc promouvoir une meilleure prise en charge des citoyens et citoyennes (Fourez, 1994, 1996; Jenkins, 1994, 1997 ; Solomon et Aikenhead, 1994) au sujet des décisions importantes concernant les enjeux technoscientifiques1 comme le clonage, les cellules souches, les OGM, le nucléaire, etc. En effet, selon Latour (1995, p. 25) : Il faudrait absolument que les gens qui ne sont pas scientifiques puissent participer au débat sur la science, donc qu’ils aient de la...

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