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C H A P I T R E 6 Interactions épistémiques médiatisées par ordinateur La coélaboration des notions scientifiques Michael Baker CNRS et Université Lumière Lyon 2 michael.baker@univ-lyon2.fr Erica de Vries Université Pierre-Mendès-France de Grenoble erica.devries@upmf-grenoble.fr Kristine Lund CNRS et Université Lumière Lyon 2 kristine.lund@univ-lyon2.fr Matthieu Quignard CNRS et Université Lumière Lyon 2 matthieu.quignard@univ-lyon2.fr 122 Collaborer pour apprendre et faire apprendre RÉSUMÉ Cette recherche porte sur l’étude des caractéristiques et des conditions d’émergence des interactions épistémiques médiatisées par ordinateur, produites lors de l’utilisation des environnements informatiques d’apprentissage coopératif pour la résolution de problèmes scientifiques scolaires. Les chercheurs ont conduit des expériences pour observer l’influence de trois facteurs structurants (l’interface de communication, l’organisation de la séquence-tâche et la constitution du groupe) susceptibles de favoriser la production des interactions épistémiques. Bien que les environnements de leurs recherches favorisent effectivement la production des interactions voulues, il semble que l’interaction épistémique, en l’absence de l’étayage d’un professeur, serait plus un moyen de sensibilisation au problème qu’un véritable mécanisme d’apprentissage. [3.19.31.73] Project MUSE (2024-04-24 16:48 GMT) Interactions épistémiques médiatisées par ordinateur 123 Dans ce court chapitre nous résumons les principaux résultats obtenus lors d’un programme de recherche s’étendant sur cinq ans dont le but était d’élaborer des environnements d’apprentissage coopératif, conçus pour favoriser la coélaboration des notions scientifiques dans les interactions épistémiques médiatisées par ordinateur. Ces environnements permettent la communication écrite et quasi synchrone à travers Internet, lors de l’utilisation collective et à distance d’interfaces conçues pour la réalisation de tâches de résolution de problèmes (la modélisation scientifique et l’écriture de textes). Dans le cadre de notre projet, la conception, la réalisation et l’étude de tels moyens de communication méritent quelques explications préalables, compte tenu des difficultés inhérentes à leur utilisation (Clark et Brennan, 1991) : la communication écrite, en l’absence de la coprésence, ne freine-t-elle pas l’expression « libre », et, par voie de conséquence, la coconstruction d’idées? C’est bien entendu le cas dans une certaine mesure. Cependant, nous pensions que ces difficultés pourraient être aplanies par le fait que ces interfaces permettent au chercheur de mieux structurer, d’une part, la nature de l’interaction communicative et, d’autre part, la séquence de résolution de problèmes, contrairement à l’interaction orale en face à face. Ainsi, nous nous sommes fixé l’objectif plus spécifique d’explorer à la fois les mérites et les limites de ces environnements d’apprentissage coop ératif pour favoriser les interactions épistémiques constructives (Baker, 1999). Notre question de recherche se pose en ces termes : quelles sont les caractéristiques des situations d’apprentissage qui favorisent la mobilisation et l’élaboration des notions scientifiques chez les apprenants? Les situations étant conçues pour la réalisation d’activités déterminées, notre première question en soulève une seconde : par quels processus les apprenants élaborent -ils des notions scientifiques? Disposer d’une réponse à cette seconde question permettrait de mieux définir les objectifs dans la conception des situations et de les valider. Nous présenterons tout d’abord la notion d’interactions épistémiques, les caractéristiques des situations propices à leur mise en œuvre et les processus interactifs concernés pouvant produire des apprentissages sur le plan conceptuel. Par la suite, nous résumerons notre programme de recherche sur les interactions médiatisées par ordinateur. Enfin, en guise de conclusion , nous indiquerons quelques avenues pour des recherches futures. 124 Collaborer pour apprendre et faire apprendre 1. LES INTERACTIONS ÉPISTÉMIQUES, CONDITIONS D’ÉMERGENCE ET POTENTIEL DE CONSTRUCTION DE CONNAISSANCES Les travaux sur l’enseignement des sciences menés depuis de nombreuses années ont montré que les élèves, même au niveau de l’université, traitent rarement des notions sous-jacentes aux activités pédagogiques, même s’ils résolvent avec succès de nombreux problèmes (par exemple, Driver, Guesne et Tiberghien, 1985 ; Tiberghien, 1994). En outre, Ohlsson (1996) a constaté que les...

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