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C H A P I T R E 2 Étude exploratoire d’un établissement CFER Portrait d’une culture transformée par une crise organisationnelle Lyse Langlois Université Laval lyse.langlois@rlt.ulaval.ca 36 Vaincre l’exclusion scolaire et sociale des jeunes RÉSUMÉ C’est à partir de la théorie de la culture organisationnelle que l’auteure cerne la nouvelle organisation scolaire appelée CFER. En plus de définir la culture de cet établissement, elle a relevé les caractéristiques du leadership qui se dégagent et mis en évidence les facteurs organisationnels qui suscitent l’intérêt des jeunes pour le CFER. Au moment de la collecte des données, elle a été témoin d’une crise organisationnelle majeure au sein de l’organisation. Cette crise a révélé l’existence d’un conflit tangible et visible entre l’équipe des enseignants et les responsables du volet de l’entreprise. La mission première a donc été transformée au profit d’une vision beaucoup plus proche des intérêts économiques. De plus, l’analyse effectuée a permis à l’auteure de constater qu’il n’était pas possible de parler du leadership éducationnel tel qu’il avait été défini. L’absence de leadership a eu des effets et des répercussions sur les enseignants, mais aussi sur les jeunes. D’un milieu de vie qui le caractérisait au départ, le CFER est devenu un milieu de survie. [3.135.183.187] Project MUSE (2024-04-24 02:33 GMT) Étude exploratoire d’un établissement CFER 37 Lors de la création du ministère de l’Éducation du Québec en 1964, on note dans le préambule au projet de loi l’affirmation suivante : « Tout enfant a le droit de bénéficier d’un système d’éducation qui favorise le plein épanouissement de sa personnalité [dans un contexte d’égalité des chances] » (Caouette, 1992, p. 4). Une trentaine d’années plus tard, l’heure est à la réflexion sur les performances du système éducatif québécois. En effet, le ministère de l’Éducation du Québec a amorcé plusieurs changements au cours de la grande réforme des années 1960, réforme importante qui a permis la démocratisation de son système scolaire, étendant ainsi l’accès à l’éducation. Il faudra attendre la création des États généraux (1995) pour voir émerger une autre réforme majeure dans le paysage québécois (1997). Toutefois, malgré les avancées significatives du système éducatif, nous devons admettre qu’il existe toujours des préoccupations à l’égard d’une plus grande justice sociale et du principe d’égalité. D’une part, on se rend compte que, sans diplôme d’études secondaires, le jeune a de la difficulté à avoir accès au marché du travail et qu’en plus il a peu de chance de contribuer au développement social et d’être un jour utile à la société. D’autre part, on doit admettre que la préoccupation première, soit l’égalité des chances, a finalement cédé le pas à un élitisme qui se traduit, dans le réseau québécois, par la création de filières d’élite. C’est à partir des années 1980 qu’au Québec une préoccupation plus grande s’est manifestée à l’égard de la question de l’exclusion et de l’échec scolaire. De nombreuses études ont montré l’influence du diplôme sur la situation sur le marché du travail. Qu’en est-il du niveau de formation pour les jeunes a priori les plus exposés aux risques d’exclusion ? Quel type d’organisation peut le mieux correspondre à cette clientèle à risque? Présentement, au Québec, 36 % des jeunes quittent l’école sans avoir obtenu leur diplôme d’études secondaires (CSE, 1996 ; Pagé, 1991). De ces jeunes ayant abandonné leurs études, 60,5 % seraient des décrocheurs« légaux » âgés de 16 à 18 ans (CSE, 1996 ; Pagé, 1991). Quant au taux de chômage observé chez les 15-29 ans avec seulement huit ans de scolarité, il s’élève à 38,4 % (Johnson, 1996). Plusieurs hypothèses sont émises pour expliquer ces situations. Pour notre part, nous avons choisi de nous attarder au sentiment d’inadaptation des jeunes face à l’école telle qu’elle est conçue actuellement, choix...

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