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Chapitre 9_La formation en alternance: Une forme de rapprochement entre économie et éducation
- Presses de l'Université du Québec
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C H A C H A P I T R E 9 La formation en alternance Une forme de rapprochement entre économie et éducation1 Christian Maroy Université catholique de Louvain (maroy@anso.ucl.ac.be) Pierre Doray Université du Québec à Montréal (doray.pierre@uqam.ca) RÉSUMÉ L’objet de ce chapitre est de saisir le travail social mis en œuvre pour promouvoir davantage l’articulation entre l’univers économique et l’univers éducatif dans la formation en alternance. Le processus de rapprochement entre école et entreprise ne doit pas simplement être considéré comme la résultante d’évolutions structurelles qui toucheraient de manière homogène tous les pays industrialisés. Au contraire, il prend des formes spécifiques selon le contexte sociétal, les formes institutionnelles et les acteurs qui le constituent, d’où le recours à la comparaison internationale pour analyser la manière dont se développent et se construisent 1. Cette recherche a bénéficié d’un soutien financier du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSHC), du gouvernement du Québec (coopération Québec et Communauté française de Belgique), de la Communauté française de Belgique (convention ARC numéro 97-02/1997) et du Commissariat général aux relations internationales de la CFB. 250 La formation en alternance des pratiques de formation en alternance en Communauté fran- çaise de Belgique (CFB) et au Québec. Par l’analyse de quatre études de cas, nous examinons les pratiques concrètes de construction de la coordination entre école et entreprise. Nous soulignons le travail d’ajustement organisationnel et le processus symbolique mis en jeu : un contraste dans plusieurs régimes d’échange entre écoles et entreprises façonne la mise en œuvre de l’alternance. [44.223.31.148] Project MUSE (2024-03-28 09:22 GMT) Une forme de rapprochement entre économie et éducation 251 Au cours des dernières années, nous avons assisté à l’institutionnalisation de multiples modifications au sein du système scolaire, qui correspondent explicitement à un rapprochement entre les institutions de formation professionnelle et le champ économique. Ces changements visent, dit-on, à assurer une plus grande adéquation de la formation avec les qualifications ou les compétences utilisées dans les milieux de travail. Cette recherche de correspondance se traduit d’abord par un travail sur les contenus de formation , ce qui a conduit à modifier les modes de planification et d’élaboration des programmes (création et transformation des instances de planification et usage de nouvelles méthodes). Elle se révèle aussi dans l’évolution des formes des activités éducatives, qu’il s’agisse des formes de transmission pédagogiques ou des modalités de l’évaluation. Ces changements vont souvent de pair avec des transformations dans les relations institutionnelles entre organisations éducatives et productives. Les entreprises sont de plus en plus appelées à participer à la définition des besoins de formation ou des compétences requises dans l’univers du travail et à s’investir dans des instances d’orientation de la formation professionnelle ou dans des instances de direction d’établissements scolaires. La collaboration directe entre des acteurs des deux mondes serait aussi un gage d’une plus grande pertinence de la formation. Toutes ces interventions attestent l’existence d’un processus d’ensemble où se recomposent les relations entre formation et travail, entre enseignement professionnel initial et sphère productive ou, au-delà, entre institutions de formation continue et univers des entreprises. Ce processus s’appuie sur un travail social de la part d’une multitude d’acteurs qui se mobilisent et qui sont mobilisés. L’objectif de ce chapitre est d’approfondir les divers aspects de ce travail de rapprochement par l’analyse d’une de ces manifestations pratiques : la formation en alternance. Pour y parvenir, nous examinons les pratiques concrètes et tentons de saisir le mouvement même de cette articulation, que nous considérons comme un travail social. À notre sens, l’articulation accrue ne doit pas simplement être considérée comme étant la résultante d’évolutions structurelles qui toucheraient de manière homogène tous les pays industrialisés. Elle prend des formes spécifiques selon le contexte sociétal, les formes institutionnelles et les acteurs spécifiques qui le constituent , d’où le recours à la comparaison internationale pour analyser la manière dont se développent et se construisent des pratiques d’alternance en Communauté française de...