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C H A C H A P I T R E 3 Recherches et pratiques d’alternance en France Des approches et leurs orientations Jean Clénet et Jean-Noël Demol Université des sciences et technologies de Lille (USTL) (jean.clenet@univ.lille1.fr) (jean-noel.demol@univ.lille1.fr) RÉSUMÉ Dans ce chapitre, les auteurs s’attachent à montrer comment l’alternance, conçue comme un phénomène éducatif complexe, est le fruit des interactions entre des faits sociaux, historiquement situés, en lien avec les systèmes d’idées, les cultures et les artéfacts éducatifs construits. Ainsi, on observe qu’un phénomène éducatif comme l’alternance, à l’instar d’un système vivant, naît, se développe , se transforme et se met en tension avec d’autres systèmes. Le système français, tel qu’il se vit, témoigne de ces évolutions. Il en va de même de la recherche scientifique sur l’alternance en France. Bien que naissantes, ces recherches adoptent différentes« entrées » que l’on tente de spécifier ici, sans, bien sûr, être exhaustifs. Nous nous attardons sur une vision globale et systémique de l’alternance. L’enjeu majeur de ces recherches est de bien comprendre les interactions et les tensions dans les différents niveaux enchevêtrés de l’alternance : sociaux, institutionnels, organisationnels, actoriels, pédagogiques et cognitifs. [3.149.214.32] Project MUSE (2024-04-24 13:39 GMT) Recherches et pratiques d’alternance en France 85 En France, on peut dire aujourd’hui que l’alternance augmente très nettement sa visibilité sociale et conforte sa place dans le paysage éducatif au point de devenir une « alternative » (Geay, 1998) au « tout école ». Mais ce développement, comme tout développement, ne va pas sans poser de multiples questions ayant à voir avec l’institutionnalisation de ces modes de formation (car il existe des alternances au-delà de l’alternance en général), avec leur inscription dans des contextes et des époques spécifiques, avec les modes organisationnels et ingénieriques produits, avec enfin les acteurs de l’alternance et les apprenants en particulier. Ainsi, l’alternance est conçue comme un objet complexe, difficile à appréhender, tant les processus et les interactions peuvent être nombreux. C’est à ce point précis que la recherche (les recherches) peut être précieuse pour comprendre et interpr éter ce phénomène éducatif nouveau, mais ancien à la fois. Pour y contribuer formellement, cette contribution essaie de faire un point rapide autour de cinq axes : 1) une rapide approche sociohistorique de l’alternance en France ; 2) des contextes d’émergence de l’alternance ; 3) des recherches spécifiques par des domaines d’activités scolaires et socioprofessionnelles ; 4) l’alternance en tant que domaine de recherche dans les sciences de l’éducation ; 5) l’alternance en tant qu’objet de recherches conçu de manière complexe . Pour terminer, nous présenterons quelques perspectives de recherches par et pour l’alternance en éducation. 1. APPROCHE SOCIOHISTORIQUE SUCCINCTE Du point de vue de la recherche sociohistorique, plusieurs approches (Guédez, 1994 ; Geay, 1998 ; Combes 1992 ; Chartier, 1978) nous apportent des éclairages diversifiés sur l’institutionnalisation de l’alternance en France. Nous en retraçons ici quelques grandes lignes. De l’Antiquité jusqu’au Moyen Âge, la transmission des savoirs en général prenait essentiellement un caractère naturel ou de proximité : le groupe, la tribu, la famille. Puis progressivement, à partir du Moyen Âge, l’évolution de l’artisanat, la naissance des corporations, celle de grandes 86 La formation en alternance écoles1, l’apparition d’un contrat d’apprentissage (loi du 22-02-1851), les écoles de formation des ouvriers du début du XIXe siècle, les cours du soir au début du XXe siècle et certains CAP dès 1911 ont constitué, entre autres, des prémices de ce qu’on appelle aujourd’hui l’alternance. Puis vinrent les grandes étapes structurantes de l’alternance, même si on n’en parlait pas à l’époque. En 1919, la loi Astier jette les fondements de l’enseignement technique avec des cours en ateliers conjointement associ és à des enseignements généraux. Ensuite, c’est dans le domaine agricole, en 1935, que l’alternance forgée et conçue comme un mode éducatif a émergé. La première Maison Familiale Rurale2 a vu le jour à l’initiative d’un...

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