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C H A P I T R E 6 Rapports aux savoirs et didactique des sciences1 Michel Caillot Université René-Descartes caillot@sorbon.sorbonne.fr RÉSUMÉ L’auteur tente de voir comment la notion polysémique de rapport au savoir peut intéresser le didacticien, en particulier celui des sciences. Dans un premier temps, il présente les différentes approches de la notion de rapport au savoir. C’est ainsi que sont décrites l’approche psychanalytique avec les travaux de l’équipe de l’Université de Nanterre – Paris X, puis l’approche sociologique de l’équipe de l’Université Paris VIII et enfin l’approche anthropologique de Chevallard qui fait suite à sa théorie de la 1. Une première version de ce texte a déjà été publiée dans Chabchoub (2000). En tant qu’éditeur des Actes du colloque de Sfax sur le rapport au savoir, ce dernier a autorisé les Presses de l'Université du Québec à rééditer le texte. 112 Les didactiques des disciplines – Un débat contemporain transposition didactique. Dans un deuxième temps, l’auteur fait le choix de l’approche de Charlot (Université Paris VIII) qui semble la mieux adaptée pour décrire les différences individuelles dans l’appropriation des connaissances scientifiques et le changement conceptuel. Enfin, un travail empirique est présenté qui montre comment l’évolution conceptuelle d’élèves de l’école primaire peut être liée à différents types de rapport qui ont été caractérisés empiriquement. L’étude porte sur le changement conceptuel lié aux mécanismes du volcanisme. [3.144.151.106] Project MUSE (2024-04-25 07:53 GMT) Rapports aux savoirs et didactique des sciences 113 La notion de « rapport au savoir » commence à se répandre dans la littérature didactique, plutôt que dans celle de la didactique des mathématiques, comme nous le verrons au cours de la discussion. C’est un emprunt à diff érents cadres théoriques, dont l’origine est peu claire. Par exemple, Beillerot (1996b) indique dans une note de bas de page : Charlot en 1979 dans L’École aux enchères rappelle qu’il emprunte la notion de rapport social à Bisseret, dans un article sur le handicap, ellem ême l’ayant trouvé chez Bourdieu et Passeron (peut-être, justement, dans La Reproduction, p. 146). Pour d’autres, il faut créditer Lacan (1991) de la paternité de la notion (voir Charlot, 2000, qui cite Lacan). Laot (1999) signale, pour sa part, que cette notion serait apparue dans les années 1960 dans le cadre de la formation des adultes, autour du Centre universitaire de coopération économique et sociale (CUCES), à l’époque centre de formation continue des adultes de l’Université de Nancy. Quoi qu’il en soit, les termes «rapport au savoir » sont actuellement utilisés en sciences de l’éducation par des cliniciens d’inspiration psychanalytique autour de Beillerot et de BlanchardLaville de l’Université de Paris X-Nanterre, par des sociologues et psychosociologues autour de Charlot de l’Université de Paris VIII (Saint-Denis) ou encore par des didacticiens des mathématiques autour de Chevallard de l’Institut universitaire de formation des maîtres (IUFM) de Marseille. Cette notion commence à être connue en dehors de la France, comme le montre la publication récente d’un ouvrage international coordonné par Charlot (2001) où des recherches de trois pays (Brésil, République tchèque et Tunisie) sont présentées aux côtés de travaux français. Toutefois, la diversité des cadres théoriques auxquels la notion de« rapport au savoir » renvoie doit nous alerter du fait que ce groupe de mots ne recouvre sûrement pas la même réalité. Devant une telle diversité théorique , comment le didacticien peut-il utiliser cette notion dans toute sa richesse, sans la transformer en un concept mou – traduction d’un certain syncrétisme peu cohérent entre les différentes approches – qui alors perdrait toute valeur heuristique. Or, outre les travaux de certains élèves de Chevallard en didactique des mathématiques, des travaux récents de didactique des sciences ou des mathématiques font appel à cette notion (Chartrain, 1998 ; Chartrain et Caillot, 1999 ; Dupin, Roustan-Jalin et Ben Mim, 1999 ; Jonnaert et Vander Borght, 1999 ; Simonneaux, 1999). Il est donc nécessaire de préciser l’usage du « rapport au savoir » fait en didactique en s’assurant d’une certaine vigilance épistémique. En ce qui nous...

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