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© 2001 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Tiré de : Géographie et société, Suzanne Laurin, Juan-Luis Klein et Carole Tardif (dir.), ISBN 2-7605-1090-5 C’est l’observation de la T erre qui nous explique les événements de l’Histoire et celle-ci nous ramène à son tour vers une étude plus approfondie de la planète, vers une solidarité plus consciente de notre individu, à la fois si petit et si grand, avec l’immense univers. (RECLUS, ~1905)1 CHAPITRE DU TERRAIN À L’AMPHI LE MANDAT DES GÉOGRAPHES Rodolphe De Koninck* Université Laval 6 La connaissance du monde est l’af faire de tous. T out citoyen peut s’adonner à la géographie et y tr ouver satisfaction. Cela dit, les géographes professionnels ont le devoir de rappeler à ceux qui veulent bien les entendre que la pratique de la géographie peut mener loin… En ef fet, celui qui veut approfondir sa compréhension de la natur e et de la dynamique d’un territoire donné, en particulier un territoire habité, doit comprendre l’ampleur de la tâche qui l’attend. Il doit savoir qu’il sera inévitablement amené à se pencher pr emièrement sur toutes les caractéristiques du territoir e, leur genèse et leur dynamique et donc sur les façons dont ses résidants l’habitent ; deuxièmement, sur les ramifications de cette genèse, de cette dynamique ; bref, il aura à élar gir son champ d’observation et d’interprétation. Il constatera alors que, pour cher cher à 1. rodolphe.dekoninck@ggr.ulaval.ca 1. Cette phrase d’Élisée Reclus est citée par Béatrice Giblin, dans le double r ecueil rassemblant des extraits de L’homme et la terr e, dont elle a assuré la publication en 1982 (volume 1, p. 105). * 124 Géographie et société© 2001 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Tiré de : Géographie et société, Suzanne Laurin, Juan-Luis Klein et Carole Tardif (dir.), ISBN 2-7605-1090-5 comprendre le monde, il faut, troisièmement, analyser comment ses habitants cherchent à s’en appr oprier des portions, finissent toujours par se les approprier, semble-t-il, puis, les utilisent, les occupent, les transforment , les façonnent, les défigur ent et les r econfigurent. Il en arrivera ainsi à concevoir le territoir e comme un théâtre, un théâtre aménagé par l’humanité, une scène sur laquelle celle-ci s’active, une scène en transfor mation constante… Ce théâtre prend ainsi la forme de scènes, de paysages, étant entendu que ceux-ci peuvent êtr e empreints de beauté mais aussi de laideur, d’injustice même, voir e de violence. Bien que ces paysages ne constituent qu’une mince pellicule à la surface du globe, leurs racines plongent loin dans l’écor ce terrestre, afin d’y puiser leur substantifique moelle, en quelque sorte, alors que leur rayonnement, leurs émissions, oserais-je dire, se font sentir de plus en plus loin dans l’atmosphèr e. En d’autres termes, paysages, racines et rayonnement résultent d’une action, celle dite de « l’Homme sur la Terre », toute tissée d’enjeux et de défis, donc de passion, d’action, de drames et de conflits. S’y r etrouver, analyser et tenter de comprendre la ou les logiques de ces enjeux, prévoir ou tenter d’en prévoir les issues r eprésentent un mandat qui dépasse lar gement ce qu’un citoyen non géographe, même admirablement disposé, est prêt à accomplir. Le citoyen a donc besoin des lumières des géographes qui, contrairement à lui, ont la r esponsabilité professionnelle d’observer, d’analyser, d’interpréter, de représenter et de tramer, en long et en lar ge, en profondeur et en hauteur , l’ensemble tout comme le détail de ces enjeux, étant entendu qu’ils r evêtent une dimension spatiale ou, mieux encore, territoriale, c’est-à-dire portant la marque de l’œuvre humaine. 6.1. LE MANDAT DES GÉOGRAPHES : RECHERCHER Ma grande ambition serait...

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