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© 2001 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Tiré de : Géographie et société, Suzanne Laurin, Juan-Luis Klein et Carole Tardif (dir.), ISBN 2-7605-1090-5 CHAPITRE L’ENVIRONNEMENT SOUS LE SIGNE DU SUJET ASPECTS DES TERRITOIRES EN DEVENIR Gilles Sénécal et Nathalie Bouvier* INRS-Urbanisation, Culture et Société 5 La géographie contemporaine cher che à renouveler le sens à donner à la notion de territoire mais résiste encore à penser l’individu comme un sujet autonome. Ce constat initial est r epris des travaux de Ber doulay et Entrikin qui, parlant des études géographiques et partant de la notion de territoire, font r emarquer que les individus « semblent obéir à des logiques déterminées non par eux-mêmes, en tant que sujets, mais selon des critères d’optimisation du pouvoir ou du pr ofit » (Berdoulay et Entrikin, 1998, p. 113). Il reste ainsi une sorte de dif ficulté disciplinaire à accorder au sujet la place qui lui revient dans la construction du territoire, compris ici comme une institution objectivée, et de la même façon à s’affranchir de ces mêmes structures objectives, conçues comme des pr oduits de la société programmée. En d’autres termes, les ensembles objectiv és que sont les territoir es sont aussi le siège de l’expérience du sujet et se color ent de sa subjectivité. Il r este que le sujet appartient à une * gilles_senecal@inrs-urb.uquebec.ca – nathalie_bouvier@inrs-ucs.uquebec.ca 110 Géographie et société© 2001 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Tiré de : Géographie et société, Suzanne Laurin, Juan-Luis Klein et Carole Tardif (dir.), ISBN 2-7605-1090-5 société moderne et programmée où le triomphe de la raison n’annihile pas tous ses efforts pour construire ses propres schèmes identitaires et, tant bien que mal, son code de valeurs. Par sociétés programmées, on entend, avec Touraine (1992) et Bassand (1995), celles justement domin ées par la rationalité instr umentale, la mondialisation , l’émergence de l’individualisme et l’expression d’une tension, à l’intérieur des syst èmes d’acteurs, entr e la technocratie et ses opposants (Ber doulay et Entrikin, 1998). Dans un contexte dominé par les str uctures technocratiques , et ce, même à l’intérieur des or ganisations propres à la société civile, le défi est de r econnaître, comme le pr opose Touraine (1992), que l’individu puisse être le sujet central, au cœur des sociétés modernes, des transformations sociales en cours. Le problème soulevé dans notr e contribution est celui de la dif ficult é à compr endre l’autonomie du sujet dans un envir onnement programm é, et ce, à l’ère de la modernité avancée et de l’érosion des identités territoriales et communautaires. La question est de savoir comment les individus peuvent se dégager , un tant soit peu, des déterminismes sociaux, avoir des comportements qui ne soient pas aisément prévisibles1 et faire valoir des choix pouvant aller à l’encontr e des schèmes établis en fonction de l’ordre social ou des principes de la rationalité pr opre aux sociétés modernes. Dans l’optique de ce questionnement, nous fer ons référence à un courant de la sociologie actuelle qui s’intéresse au rôle des idées, des valeurs, des situations, des indéterminés sociaux, et ce, afin de comprendre l’action humaine et les phénomènes sociaux (Boudon, 1998). Nous pouvons dès lors prétendre avec Boudon « qu’expliquer un phénom ène social, c’est le ramener aux actions individuelles élémentair es qui le composent » (Boudon et Bourricaud, 1982, p. 1). Autrement dit, « tout fait social n’est que la résultante de l’interaction d’un ensemble de comportements individuels, même lorsque ceux-ci se tr ouvent soumis à l’influence de normes ou de valeurs collectives » (Ferréol, 1991, p. 1 19). Cette approche, appelée « l’individualisme méthodologique », met l’accent sur les phénomènes d’interaction et peut trouver...

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