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CHAPITRE 2 LE PORTRAIT DES CUISINES COLLECTIVES Dans la vaste panoplie des mesures d'aide alimentaire, les cuisines collectives se distinguent des modes traditionnels d'assistance aux personnes par une intervention proactive qui réclame la participation de ses membres dans la perspective de la résolution de leurs problèmes en exploitant une activité d'autoproduction et en activant l'entraide entre les participants. Mais que sont ces cuisines collectives ? Qui en sont les membres ? Comment fonctionnentelles ? Quelles activités y ont cours ? Voilà quelques-unes des questions qu'abordera ce chapitre en dressant le portrait des cuisines collectives au Québec et en jetant un coup d'œil sur celles qui existent ailleurs. 1. LES CUISINES COLLECTIVES AU QUÉBEC Les cuisines collectives regroupent des personnes autour d'une activité principale, à savoir la production de repas pour elles et pour leur famille. Il s'agit d'une activité le plus souvent décrite par ses adeptes comme une alternative au dépannage alimentaire et comme une manière de rompre l'isolement. Avec les années, les cuisines collectives offrent un portrait de plus en plus diversifié tant en ce qui a trait à leur itinéraire, à leur emplacement, à 18 Entraide et services de proximité leur structure organisationnelle, à leur programme d'activités et à leurs orientations, qui vont du simple dépannage alimentaire à l'entraide, jusqu'à, dans certains cas, l'entreprise d'économie sociale. On trouve des cuisines collectives mises sur pied puis soutenues par des établissements de santé et d'affaires sociales, des écoles, des paroisses, des organismes communautaires tels des centres communautaires de loisir, des centres de femmes, des maisons de quartier. La composition sociale du membership des cuisines affiche elle aussi une certaine diversité, bien que les membres soient la plupart du temps des femmes. On trouve aussi parfois des jeunes, parfois des personnes partageant une difficulté commune, parfois des groupes masculins. Les cuisines collectives du Québec s'apparentent donc à une mosaïque par la variété des expériences, du membership et du fonctionnement. Une cuisine collective peut regrouper un nombre fort variable de groupes de membres cuisinant ensemble. Le vocabulaire prête parfois à confusion. Ainsi, une cuisine collective autonome constituant une OSBL (organisation sans but lucratif), le Carrefour des cuisines collectives de Sherbrooke, compte 24 groupes de cuisine répartis en six points de service dans différents quartiers de la ville. Chaque groupe parlera de sa cuisine collective. D'autres cuisines comptent seulement un, deux ou trois groupes de cuisine. C'est le cas de plusieurs cuisines nées dans les paroisses, comme la cuisine de la paroisse Saint-Pierre Chanel de Hull, qui ne compte qu'un groupe. Les regroupements de cuisines collectives ne fournissent pas de services directs aux personnes ou aux familles; ce sont des fédérations ou des organismes de mise en réseau de cuisines collectives sur le territoire du Québec ou d'une région. On parlera alors du Regroupement des cuisines collectives du Québec. Au cours de nos recherches étendues sur une période de cinq ans nous avons étudié une cinquantaine de cuisines collectives, principalement en Outaouais, en Estrie, à Montréal et en Montérégie. Ces cuisines sont des cuisines autonomes qui constituent des organisations communautaires en bonne et due forme ou ce sont des cuisines qui constituent un programme ou un champ d'activité reconnus d'une organisation communautaire, comme le serait la cuisine collective d'un centre de femmes. L'ensemble des cuisines étudiées compte au total près de 175 groupes de participants aux cuisines. Nous avons aussi effectué une collecte de données auprès de regroupements et fédérations de cuisines au Québec, en Estrie, en Outaouais et au Pérou, de même qu'auprès de CI-SC (une vingtaine), de CDC et de CDEC. On trouvera en annexe la liste des milieux d'où les données ont été tirées. [3.17.74.227] Project MUSE (2024-04-25 09:42 GMT) Le portrait des cuisines collectives 19 1.1. L'émergence des cuisines collectives L'histoire encore jeune des cuisines collectives au Québec trouve son origine officielle dans l'expérience d'un groupe de femmes qui a mené à la création de la Cuisine Hochelaga-Maisonneuve (Noraz, 1995). Première cuisine québécoise, la Cuisine Hochelaga-Maisonneuve est née dans la sphère domestique en 1985 à l'initiative d'une résidante du...

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