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Structuration des acteurs du marché du travail : bilan et défis Pierre Paquette1 Les organisateurs du colloque m’ont demandé de faire un bilan de la structuration des acteurs du marché du travail au Québec et d’énoncer les défis de cette structuration au regard de l’objectif de l’emploi. Je n’ai certainement pas la prétention de procéder de façon exhaustive. Chacune et chacun d’entre vous connaît la multitude des lieux et des organismes d’intervention sur l’emploi ainsi que la complexité des dynamiques en présence. On n’a qu’à penser aux débats en cours concernant la configuration territoriale des Centres locaux de développement (CLD) sur l’Île-de-Montréal pour s’en convaincre. Je me concentrerai donc sur ce qui me semble être les grands mouvements de structuration des acteurs qui prennent parfois des formes institutionnelles, résultats de compromis sociaux, et qui s’organisent autour de trois axes principaux : 1. Le premier axe renvoie à ce qu’on peut appeler le nationalisme économique qui, depuis la Révolution tranquille, caractérise les stratégies de développement économique du Québec. À ce niveau, c’est l’État québécois et ses interactions avec l’État fédéral qui mène le jeu avec l’appui partiel ou complet des autres acteurs sociaux, le patronat, le mouvement syndical et, depuis quelques années, le mouvement communautaire, en particulier celui qui œuvre sur les questions d’emploi, d’employabilité et de développement économique local. 2. Le second axe concerne toutes les réponses originales à la crise de l’emploi qui touche les pays industrialisés depuis plus de quinze ans et qui frappe particulièrement le Québec à cause de sa base industrielle plus faible. Ici, ce sont le mouvement syndical et le mouvement communautaire qui prennent les initiatives ; initiatives qui peuvent, dans certains cas et de diverses 1. Au moment de la présentation de ce texte, Pierre Paquette, économiste, était secrétaire général à la Confédération des syndicats nationaux (CSN), qu’il a quittée depuis. 224 Objectif plein emploi manières, avoir l’appui de l’État et du patronat ou d’une partie de celui-ci (selon les secteurs économiques ou selon leurs liens avec la région ou la localité). 3. Le troisième axe se rapporte aux nouvelles formes de gestion dans les entreprises et dans les établissements qui constituent des réponses organisationnelles à l’intégration économique continentale ou mondiale et l’accroissement de la concurrence sur tous les plans. De diverses natures, ces innovations, surtout présentes dans le secteur manufacturier plus exposé à la contrainte extérieure, sont le fait du patronat, plus rarement celui du syndicat. Chacun des axes que je viens d’évoquer a une influence sur les autres puisque les acteurs sociaux sont présents d’une manière ou d’une autre au sein des trois dynamiques. Il est clair, par exemple, que les avancées sur les nouvelles formes de gestion dans l’entreprise comme celles dans le développement régional façonnent la stratégie du développement économique de l’État québécois. Celle-ci, à son tour refaçonnée, interagit sur l’évolution des formes de gestion et de développement local et régional. De même, les formes institutionnelles qui structurent les acteurs subissent un effet de retour ; à la fois résultat des compromis sociaux et source de redéfinition des enjeux sociaux. C’est ainsi qu’il ne faut pas, je pense que nous n’aurons pas de difficultés à nous entendre là-dessus, voir les acteurs sociaux comme des entités homogènes. Aussi bien le patronat, le mouvement syndical et le mouvement populaire que l’État sont traversés par des tensions parfois contradictoires. Cela pose toute la question des alliances... qui peuvent parfois prendre des allures inattendues. Par exemple, malgré le discours, il n’existe pas de consensus social véritable sur le caractère prioritaire de la bataille pour l’emploi. Cette absence de consensus prend diverses formes, allant de la remise en cause de la notion de plein emploi elle-même à la popularité des thèses. annonçant « la fin du travail » et l’apparition d’« une croissance sans emploi ». Il est intéressant de remarquer que ce fatalisme face à la situation de l’emploi est partagé par des auteurs aux couleurs idéologiques...

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