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Conclusion Bb Marie-Claude Thifault La richesse des sujets discutés pendant le cours d’histoire des soins de santé a finalement été un excellent prétexte pour justifier la réalisation de cet ouvrage collectif qui réunit des spécialistes dont les recherches s’intéressent tant au large champ de la santé qu’à la visibilité du sujet «femmes» dans l’historiographie. À cela s’ajoute également le défi d’une collaboration permettant le dialogue entre les deux solitudes québécoise et canadienne. Le fait de réunir des chercheurs dont les travaux mettent en valeur la présence féminine dans l’univers des services de santé pour collaborer à la rédaction d’un ouvrage en français avait pour objectif de combler un vide historiographique sur l’expérience québécoise et canadienne en la matière. Je constatais cette évidente absence, encore tout récemment, alors que Nicole Rousseau1, confrontée à la nécessit é de se départir de ses nombreux ouvrages consacrés à l’étude des infirmières de colonie au Québec, en fit don à l’Unité de recherche sur l’histoire des sciences infirmi ères. C’est avec empressement et curiosité que Jayne Elliott et moi avons découvert , parmi tous les cartons reçus, la collection Rousseau. Il s’avère que celle-ci était composée de près d’une centaine de titres – plusieurs sont d’ailleurs cités de manière récurrente dans la majorité des chapitres de ce livre – dont moins du quart étaient en français. L’historiographie de langue française sur les services de santé et selon une perspective pancanadienne est manifestement quasi inexistante. Plusieurs idées fortes et riches surgissent de L’incontournable caste des femmes, dont l’approche diachronique dévoile l’évolution des soins de santé prodigués par les femmes au Québec et au Canada depuis le XIXe siècle. Ces idées permettront de nourrir le débat concernant l’indéniable place des femmes comme sujet de l’histoire – du moins, dans le vaste champ des services de santé. Selon un savoir-faire propre au métier d’historien, les 15 auteur-e-s de cet ouvrage ont mis au jour une impressionnante variété de documents de première main tirés d’archives privées et publiques. 1. Professeure émérite, Faculté des sciences infirmières, Université Laval. 316 L’INCONTOURNABLE CASTE DES FEMMES 316 Leurs analyses, exercées avec la rigueur historienne, révèlent des spécificités propres à la gent féminine dans sa quête d’un rôle de premier plan dans la sphère publique. Une place qu’elle créa à la mesure de ses moyens, de ses ambitions et de ses compétences. Des portraits de femmes déterminées et combatives, malgré tous les écueils rencontrés, ressortent de la multitude d’exemples évoqués. Celui, entre autres, concernant les modalités du travail des religieuses, dont traitent Aline Charles et François Guérard, «[…] permettait aussi à certaines d’occuper des postes de haute direction, de piloter des infrastructures aux nombreuses ramifications et d’être en position de négocier avec les autorités gouvernementales, la hiérarchie ecclésiastique ou les différents groupes professionnels2 ». Nombreuses sont celles qui ont transgressé les limites traditionnelles imposées à leur sexe. Bien sûr, elles ont accompli un travail à vocation largement charitable – non rémunéré… ou si peu –, à l’exception toutefois du travail très bien rémunéré des infirmières militaires en temps de guerre. À la lumière des nombreux exemples décrits dans ce collectif, il est néanmoins inexact d’associer vocation charitable et absence de compétences professionnelles en matière de services de santé. Le perfectionnement pour répondre à des standards plus élevés et atteindre l’autonomie dans le milieu de travail est une autre quête permanente et toujours recommencée. Les parcours professionnels de Louise de Kiriline, infirmière de dispensaire dans le Nord ontarien, et de garde Blais, postée à Auclair du côté du Québec, démontrent l’importance du terme «autonomie». Les infirmières militaires, entre autres, sont également avides d’autonomie et de liberté, au lendemain de la Première Guerre mondiale – refusant de réintégrer les postes qu’elles avaient occupés avant l’enrôlement. Candidates privilégiées dans les programmes de formation universitaire en hygiénisme...

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