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Comment comprendre les traces de la période coloniale française en Amérique du Nord? La présence française s’enracine à Québec en 1608 et l’autorité de la couronne française s’y maintient pendant plus d’un siècle et demi. Au cours de cette période, les Français étendent leur influence sur une grande partie de l’est du continent nordam éricain. En 1759-1760, la conquête militaire de la Nouvelle-France par les Britanniques met un terme à l’aventure française sur le continent. Parmi les dates charnières de l’histoire de l’Amérique du Nord, la bataille des plaines d’Abraham de 1759 et la cession de la Nouvelle-France par les autorités militaires françaises aux Britanniques en 1763 sont sans contredit deux des plus importantes. À compter de 1763, l’histoire de la colonie française prend fin. Le gouvernement impérial britannique remplace le gouvernement français. Une partie de l’élite coloniale retourne en France. Si nous considérons ce que les Québécois appellent « la guerre de la Conquête » dans le contexte historique plus large de la Guerre de Sept ans, appelée The French and Indian War par les Américains, et y intégrons la déportation des Acadiens dès 1755, le bouleversement de la présence française en Amérique du Nord est encore plus significatif. Même si plusieurs Acadiens Chapitre 2 les traces de la nouvelle-france Colin M. Coates reviennent s’installer dans les Maritimes, ils ont toutefois perdu les terres qu’ils occupaient jadis. Ils créent de nouvelles communautés, souvent dans des endroits plus marginaux et éloignés de leurs terres originales. Par contre, après 1759, les Britanniques n’ont pas déporté les Français de la vallée du Saint-Laurent, parce qu’ils étaient beaucoup trop nombreux. Ceux-ci restent donc sur leurs terres et continuent d’y former une majorité dans leur coin de l’Amérique du Nord. Après 1763, l’Amérique du Nord n’est plus française. La France cède la Louisiane à l’ouest du Mississippi à l’Espagne en 1763. L’Hexagone conserve un accès au French Shore de Terre-Neuve jusqu’au début du XXe siècle pour protéger ses intérêts économiques dans la lucrative pêche à la morue. Seules les petites îles de Saint-Pierre-etMiquelon , au large de la côte sud de Terre-Neuve, font encore partie du territoire français. Ces petites îles, qui comptent aujourd’hui une population d’environ 7 000 personnes, forment une« collectivité d’outre-mer », selon la terminologie de l’État français. Elles élisent un député à l’Assemblée nationale et ont un sénateur à Paris. Dès 1763, les Britanniques maîtrisent le territoire qui appartenait à la France. Au moment de la Révolution française, des agents secrets proposent Les traces de la Nouvelle-France 23 une invasion militaire pour rétablir la présence française en Amérique du Nord septentrionale. Ce projet n’a toutefois pas de suite. Après la victoire de ses armées en Espagne, l’empereur français Napoléon reprend le contrôle de la Louisiane en 1802, mais la vend aux États-Unis un an plus tard. Néanmoins, la défaite de la France en Amérique du Nord n’était pas inévitable. Pendant un siècle et demi, soit de 1608 à 1760, la France est l’une des puissances européennes présentes en Amérique du Nord. La période coloniale a des influences durables sur le continent, notamment par la présence continue de la population francophone et la création d’institutions qui affectent encore l’organisation des sociétés canadienne et québécoise. Ce chapitre examine les traces de cette entreprise impériale, les legs de la période coloniale française en Amérique du Nord1 . LES COLONIES FRANÇAISES En principe, l’ensemble des possessions françaises en Amérique du Nord faisaient partie de la Nouvelle-France. Par ailleurs, ces diverses possessions – l’Acadie, la Louisiane, la vallée du Saint-Laurent, l’île Royale et les Pays-d’en-Haut – se développent très différemment. Le représentant du roi français est le gouverneur et réside à Québec. Il a beau se réjouir...

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