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À l’époque du premier contact connu des Européens avec les Nord-Américains, soit celui des Norois vers l’an 1000, la très grande majorité des populations autochtones du Canada était constituée de chasseurs et de cueilleurs, comme pouvait le laisser entrevoir la situation septentrionale du pays1 . Fondés sur des structures réglées dont l’évolution s’est étalée sur des milliers d’années, ces modes de subsistance sont nés d’une connaissance intime des ressources et de la meilleure façon de les exploiter. L’anthropologue Robin Ridington a souligné que la connaissance, davantage que l’outillage, servait de fondement aux techniques utilisées2 . C’est grâce à cette connaissance de leurs écosystèmes, et par l’ingéniosité qu’ils ont mise à en tirer profit, que les Amérindiens sont arrivés à survivre aussi bien qu’ils le firent à l’aide de techniques relativement simples. Compte tenu du littoral étendu du Canada (le plus long de tous les pays), plusieurs groupes étaient tournés vers la mer; pourtant, par la grande diversité de ses régions géographiques (arctique, subarctique, nord-est, grandes plaines, plateau intérieur et côte nord-ouest), le pays offrait de nombreuses variations sur des modes de vie fondamentalement semblables. Dans l’ensemble, la population était clairsemée, ce mode de subsistance exigeant de grandes terres; l’évaluation Chapitre 1 le canada à l’arrivée des européens* Olive Dickason la plus généralement répandue la faisait s’élever à 500 000 personnes, quoique des recherches démographiques récentes portent ce potentiel bien au-dessus de 2 000 0003 . Les concentrations démographiques principales étaient établies sur la côte nord-ouest, où des ressources abondantes et faciles d’accès avaient permis une vie sédentaire, et dans la partie méridionale de l’actuelle province de l’Ontario, où diverses populations d’Iroquoiens pratiquaient l’agriculture. Les groupes iroquoiens pourraient avoir totalisé environ 60 000 personnes, sinon plus, et pourraient s’être trouvés jusqu’à 200 000 âmes sur la côte pacifique, en faisant ainsi« une des régions non agricoles les plus densément peuplées du monde4». La plupart de ces gens étaient établis là depuis des milliers d’années; comme l’a souligné Wright, ce n’est que dans l’Arctique et à l’intérieur des terres de la ColombieBritannique que sont survenues des migrations relativement récentes (respectivement en 1000 et en 700 ap. J.-C.5 ). Tous ces gens parlaient plus de 50 langues, réparties en 12 familles dont 6 étaient exclusives à la Colombie-Britannique actuelle. Celles du groupe algonquien (ou algique) étaient de loin les plus répandues sur le plan géographique, s’étendant des Rocheuses jusqu’à l’Atlantique et, * Texte publié dans Olive Dickinson, , Sillery, Éditions du Septentrion, 1996, p. 62-78. Reproduit avec la permission des éditions du Septentrion Le Canada à l’arrivée des Européens 3 sur la côte, de l’Arctique au cap Fear; la langue crie et l’inuktitut couvraient les plus grandes étendues géographiques. Cela rejoint l’hypothèse de Rogers selon laquelle les régions de la période protohistorique qui ont subi une glaciation (la majeure partie du Canada et une portion du nord des États-Unis) comptaient moins de langues que les autres. Alors que la glace recouvrait entièrement le Canada durant la dernière glaciation – à l’exception de certaines parties du Yukon et de régions adjacentes – une lisière longeant la côte pacifique en a été libérée très tôt. D’après les calculs de Rogers, les zones anciennement recouvertes de glace comptaient en moyenne 18 langues par million de milles carrés (2 590 000 km²), et les autres régions, 52,4 langues6 . Le calcul mécanique employé en linguistique, qui veut que la grande variété des langues révèle une longue occupation, permet de penser que la colonisation du Canada est relativement récente – ne remontant pas, en majeure partie, à plus de 15 000 ans. Quoi qu’il en soit, les langues athapascanes parlées dans les régions non recouvertes de glace du Nord-Ouest sont plus diversifiées que les algiques en usage dans la taïga précédemment englacée, qui s’étend des Rocheuses à la côte atlantique. Les poches de locuteurs iroquoio-siouens ont été décrites avec justesse comme...

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