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322 | LA TRADUCTION SPÉCIALISÉE néanmoins les conclusions d’Englund Dimitrova (2005, p. 242), selon lesquelles l’expertise est irréductible à la méthodologie. Quant aux répercussions que ces résultats ont sur la didactique de la traduction, l’objectif d’un programme de formation pour traducteurs ne doit donc pas être tant d’enseigner aux étudiants la bonne façon d’approcher la traduction, mais bien de les aider à trouver eux-mêmes leur propre méthodologie en les exposant à un éventail de méthodes. Même si l’on convient de cette conclusion, il existe un grand nombre de données expérimentales sur le comportement des traducteurs experts et novices (par exemple, Krings, 1987; Königs, 1987; Lörscher, 1991, 1992, 1997; Tirkkonen-Condit, 1992; Jääskeläinen, 1993; Kiraly, 1995; Kussmaul, 1995 ; Colina, 1997b) dont il serait possible de dériver des hypothèses sur la description de la compétence traductionnelle que l’on pourrait, comme l’indique Colina (2003b), vérifier en classe en menant des activités de traduction à cet effet : – les traducteurs novices ont de la difficulté à isoler les problèmes et à reconnaître les points faibles de leurs traductions ; – les traducteurs novices ont une peur excessive de l’interférence, même lorsque l’équivalence la plus semblable du point de vue formel au terme du texte de départ constitue la meilleure solution de traduction (voir 4.1.1) ; – les traducteurs novices ont tendance à se concentrer sur les problèmes d’ordre linguistique (difficultés lexicales, syntaxiques et textuelles) et sur les mots plutôt que sur le sens. Les traducteurs experts, quant à eux, traitent quasi automatiquement ce genre de problèmes, ce qui leur permet de se concentrer sur la recherche de solutions créatives à des problèmes complexes. Donc, les stratégies des experts sont davantage axées sur le sens, car elles sont plus globales et variées que celles des novices, lesquels tendent plutôt à ne pas tenir compte des traits formels aux niveaux textuel et pragmatique (par exemple, les charnières) ou des caractéristiques contextuelles de la traduction ; – pour les novices, la traduction se présente comme une reproduction du texte de départ dans la langue d’arrivée, tandis que les traducteurs experts se considèrent comme les créateurs d’un nouveau texte dans la langue d’arrivée et, donc, tout en tenant compte du mandat de traduction, se donnent une plus grande part de liberté avec le texte de départ et ont recours à des solutions plus créatives ; La compétence traductionnelle | 323 – les traducteurs experts travaillent sur des unités de traduction plus grandes que les novices. Finalement, en ce qui concerne la différence dans la façon d’effectuer les recherches terminologiques par les experts et les novices, les résultats des quelques (rares) études sur le sujet, qui seront présentés au prochain chapitre (7.3.2), ne sont pas suffisamment homogènes pour qu’on puisse en tirer des conclusions. LECTURES SUPPLÉMENTAIRES Collombat, I. (2009). « La didactique de l’erreur dans l’apprentissage de la traduction », The Journal of Specialised Translation, vol. 12. Houbert, F. (2001). « Existe-t-il des traducteurs techniques ? », Translation Journal, vol. 5, no 1. Marquant, H. (2005). « Formation à la traduction technique », Meta, vol. 50, no 1. Sanchez, D. (2004). « Traduction, genre et discours scientifique », dans Y. Gambier, M. Schlesinger et R. Stolze (dir.), Doubts and Directions in Translation Studies, Amsterdam/Philadelphie, Benjamins. Schubert, K. (2009). « Positioning translation in technical communication studies », The Journal of Specialised Translation, vol. 12. NOTES 1. Dans le présent ouvrage, les termes « connaissance », « capacité » et « habileté » désignent l’ensemble des éléments intégrés qui constituent la compétence fondamentale du traducteur lui permettant de reformuler un texte écrit dans une langue A dans une langue B. Ils constituent ainsi les éléments qui forment ensemble les « compétences » et les « sous-compétences ». Si l’on devait dresser une hiérarchie de ces éléments, on trouverait au niveau le plus élevé les « connaissances » (knowledge) du traducteur, acquises indépendamment de leur application, mais que le traducteur doit être en mesure d’emmagasiner et au besoin de réactiver pour exécuter de façon optimale son mandat de traduction (Wilss, 1996, p. 57). La compétence du traducteur repose sur trois types de connaissances (les « savoirs ») : le savoir « procédural » (« savoir comment »), c’est-à-dire...

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