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233 America, My Home endroit, dans les écoles, pour nous rabaisser et nous faire haïr. Mais le Bon Dieu6 ne permettra pas que ça continue pour toujours. Le temps est le père de la vérité. Et puis, il y a bien des gens qui comprennent le bon sens et la justice et qui nous appuient. Nos ancêtres l’ont prédit : un jour, les Indiens vont cesser de souffrir. La terre aussi, elle souffre, les animaux aussi, ils souffrent. Les hommes n’ont pas le droit de faire ça à la nature. Un jour, il faut que ça finisse. Quelque chose arrivera bientôt. Désir d’histoire, droit d’être Ma mère, une grande penseure et une illustre combattante pour le retour à la santé de nos peuples écrasés par la grande logique de l’histoire blanche, n’avait été qu’à l’école primaire. Avec des moyens minimes, elle retourna aux études à 50 ans et, tout en terminant d’élever seule sept enfants, elle devint la première Amérindienne canadienne à obtenir un doctorat en philosophie. Éléonore Sioui, il y a 25 ans, parla au monde du « droit d’être7» de nos peuples et de tous les peuples frappés à mort par le rouleau compresseur du « progrès ». Car il ne s’agit pas d’autre chose : dans la logique linéaire et patriarcale, il n’y a jamais eu de compromis possible. Dans quelque partie des Amériques (ou du monde colonial) que l’on regarde, le dossier historique est on ne peut plus clair et abondant sur ce point : le seul choix permis aux envahis (je ne veux employer ni le mot « vaincu » ni le mot « conquis ») a été celui de consentir, sous peine de brutalité intensifiée, à oublier d’avoir été et à jouer le rôle de faire-valoir dans le glorieux récit historique et social de l’envahisseur sans racines et culturellement destructeur. Deux pensées sont en présence : l’une inconsciente ou, au mieux, indifférente à situer l’humain à l’intérieur de la Nature, et l’autre dont la conscience d’être doit consister en la connaissance sans cesse renouvelée de la place de 6 Nous avions alors déjà perdu notre langue (huronne-wendate) et n’utilisions pas encore les termes français « le Grand Esprit », ou « le Créateur ». Parfois, les vieux, ainsi que mon père, disaient « le Grand Maître », pour se référer à l’Être Suprême. Comme toutes les nations amérindiennes, nous avons, depuis une trentaine d’années, parcouru une longue route à la recherche de notre vraie spiritualité. 7 Notamment par la voie de la revue Kanatha, qu’elle créa en 197 comme organe d’information et de communication du Centre socioculturel amérindien, qu’elle créa la même année. L’autohistoire amérindienne 234 l’humain dans le Cercle sacré des relations vivantes entre tous les êtres. Dans la logique des rapports coloniaux, donc patriarcaux et linéaires, perpétués dans la soi-disant ère postcoloniale, il n’y a pas de possibilité de communication bilat érale, donc de coexistence. En contrepartie, les sociétés « d’accueil », à pensée circulaire matricentriste, n’ont jamais eu d’autre réflexe culturel que celui de reconnaître ceux qui vinrent entrer en collision avec elles comme des humains qu’elles devaient aider à reprendre vie et racine et qui, de plus, possédaient des dons, des connaissances et des potentialités susceptibles d’aider à élaborer une existence commune plus diversifiée, plus riche et plus intéressante. L’autohistoire amérindienne, ou l’histoire en présence de la Nature L’autohistoire amérindienne, telle que je l’ai conçue dans mon essai portant ce titre, et celle de tous les peuples en mal de revivre après le passage sur eux de l’infernal rouleau compresseur, est un nouveau paradigme historique venant de l’Amérique amérindienne. Je dis même qu’elle est une nouvelle science, proposée en remplacement de l’histoire conquérante, coloniale, linéaire et patriarcale . Cette nouvelle science diffère fondamentalement de la vieille histoire, dont l’exercice est le traitement des faits et des événements afin d’arriver à une vérité historique. Bien que cet exercice doive avoir son temps et son lieu, il doit être précédé et contextualisé dans un but premier de tendre...

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