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THE CULTURAL PROPERTY OF INDIGENOUS PEOPLES
- University of Ottawa Press
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Living History 43 certaine, à une lune de nos villes, qui se nommait Stadacona. Nous savions que leurs venues,depuis plus de 40 hivers,faisaient mourir beaucoup de gens à l’Est, mais nos Peuples pensèrent qu’en traitant avec eux et en devenant leurs Parents, ces étrangers cesseraient d’utiliser leur mauvais pouvoir contre nous. Il n’en fut absolument pas ainsi : ces étranges humains commencèrent bientôt à nous maltraiter et à se comporter comme si notre pays était à eux.Ils se mirent même à capturer nos Principaux, à nous tuer et à nous empoisonner, alors même qu’ils nous assuraient être nos Frères. Très tôt, nos Sages nous avertirent de ne pas traiter avec cet étrange et fatal Peuple, mais il fut, bien sûr, impossible d’empêcher tous nos gens de prendre le risque de se procurer les objets merveilleux que souvent nous leur trafiquions sans heurt ni danger.D’autant plus que ces objets,surtout ceux de fer et d’autres nouveaux métaux,devinrent vite indispensables à la survie de nos Familles et de nos Nations, ainsi que pour nous protéger de nos ennemis, qui connaissaient le même malheureux sort que nous. Au fil des années, les étrangers s’approchèrent de notre pays du Wendake, le centre et le rempart de toutes les Nations. Ils y arrivèrent enfin, il y a 27 hivers. J’étais encore un garçon et je me souviens que nos Anciennes pleuraient et prédisaient que notre grand Peuple et notre grande Société seraient bientôt détruits et que les survivants connaîtraient une misère indicible. Regardez maintenant tout autour de nous. Dites-moi si vous voyez autre chose que mort, malheur et désolation. Entrez dans nos Conseils et voyez si on y parle d’autre chose que de la mort déjà presque accomplie de notre grand et beau Pays. Les Robes Noires, qui professent nous vouer le plus grand amour possible, déchirent à loisir les lambeaux qui restent de nos Peuples.Ils ont même changé notre nom et ceux de tous les lieux de notre Pays, qu’il disent d’ores et déjà être le leur. En seulement huit années, une dizaine de ces Mauvais Okis a converti le Pays le plus beau et le plus prospère qui ait existé au monde en un lieu de la plus grande misère qui se puisse imaginer. Tous les gens originaires de ce sol de la Grande Île sont en train d’être détruits par l’invincible pouvoir des étrangers, qui bientôt auront réussi à s’approprier tout ce qui fut à nous, qui n’eûmes pourtant de désir que de le partager avec eux. Ils se réjouissent en ce moment de nous voir mourir, et ce qui nous arrive présentement arrivera à tous les Peuples de notre Grande Île. Point de vue wendat 44 Ô Ciel ! Ô Grand Esprit ! Ô Intelligence Infinie de l’Univers ! Fais que nous survivions et que nous vivions à nouveau ! Point de vue amérindien lors du cinquième centenaire de l’arrivée européenne sur notre continent Comme certainement plusieurs autres Amérindiens cette année,je me retrouve assez fréquemment dans la position d’avoir à donner à une assemblée compos ée surtout de non-Amérindiens un point de vue amérindien sur les 500 années de présence européenne sur notre sol d’Amérique. Même si, en cette année centenaire, l’atmosphère festive est remarquablement plus tempérée qu’il y a 100 ans, si l’on s’en rapporte aux journaux et périodiques du temps, le camp (euro-américain) de la célébration est nettement plus nombreux que celui du deuil et de la réflexion (Amérindiens et sympathisants). Pourquoi célébrer l’arrivée des Européens et leur invasion de l’Amérique ? Les réponses à cette question sont amplement claires dans le discours de la célébration : l’Europe nous a apporté ses lumières sociales et religieuses, ses langues, son bagage génétique, ses arts de vivre ; les Indiens sont une race amélior ée par la présence blanche et vivent aujourd’hui infiniment mieux qu’il y a 500 ans.De toute façon,pourquoi se sentir coupable de la victoire d’un système, ou d’une « structure » contre...